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Conseils écriture

Écrire une saga : conseils d’écriture et enjeux éditoriaux

Par 

Solenn Rousseau

Le 

Dec 11, 2025

« Les sagas littéraires sont une mine d'or. Imprimées, numériques ou audio, peu importe. Elles sont précieuses aux yeux des lecteurs qui les dévorent fébrilement, lucratives pour l'auteur et l'éditeur, et constituent un miel alléchant que les plateformes et les détaillants adorent pour appâter leurs clients. » Livres audios : saga, c’est plus fort que toi, Actualitté

Selon cet article paru sur Actualitté en février 2024, les sagas sont incontestablement une vraie aubaine pour les maisons d’édition. Dans notre article de blog, nous allons questionner cette affirmation, en commençant par revenir sur la définition même du mot saga, puis en interrogeant les différents enjeux sous-jacents à l’écriture et à la publication d’une saga.

Définitions et contexte

Qu’est-ce qu’une saga ?

Ce terme, vous l’avez sûrement déjà entendu de nombreuses fois, que ce soit pour des séries, des films ou des romans. Pourtant, vous êtes-vous déjà posé la question de ce que signifie vraiment ce mot ?

Selon le Larousse, une saga est une « épopée familiale quasi légendaire se déroulant sur plusieurs générations ». Le Robert reprend ces idées-là avec la définition suivante : « Histoire d’une famille racontée sur plusieurs générations et présentant un aspect légendaire. » Ici, les attendus supposés pour faire saga sont clairs : raconter l’histoire d’une famille, sur une longue période et ajouter une dimension épique au texte. Si cela pourrait sembler trop précis, voire quelque peu daté, ces caractéristiques sont finalement encore d’actualité. Le côté « saga familiale » est toujours très présent dans de nombreuses parutions, par exemple la saga Blackwater de Michael McDowell. Aussi, si l’aspect « légendaire » peut avoir pris un autre sens aujourd’hui, puisqu’il n’est pas nécessaire que l’histoire relève de l’épique pour être une saga, les sagas appartenant aux genres de l’imaginaire — fantasy, fantastique, science-fiction — regorgent d’aventures et relèvent bien souvent du grandiose et de l’héroïque. C’est le cas de Divergente de Véronica Roth, d’Absolu de Margot Dessenne ou encore du Pont des tempêtes de Danielle L. Jensen.

Absolu de Margot Dessenne

Finalement, on peut dire que les composantes proposées dans ces définitions ne sont pas des conditions sine qua none à l’existence d’une saga, même si elles sont encore pertinentes.

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L'ATELIER RELECTURE

Série-univers, préquel, sequel, tome compagnon, one shot… comment se repérer parmi tous ces termes ?

De nombreux autres mots gravitent autour du terme « saga ». Pour que tout soit plus clair pour vous, voici un petit lexique des termes auxquels vous serez le·a plus confronté·es.

Série-univers : lorsqu’un·e auteur·rice développe un monde complet qui sera composé de plusieurs groupements de textes et qui permettra d’approfondir davantage l’intrigue et les personnages. C’est le cas du Grishaverse, créé par l’autrice Leigh Bardugo : sa série est composée d’une trilogie, d’une duologie et de plusieurs tomes hors-séries.

Préquel : un roman qui raconte les événements antérieurs à l’action de la saga principale. Le préquel s’ajoute à la saga, mais reste légèrement extérieur aux romans principaux. Par exemple, le roman La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur est le préquel de la saga Hunger Games de Suzanne Collins.

La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur de Suzanne Collins

Sequel : au sens large, le sequel désigne tout simplement la suite d’une œuvre. Tous les tomes deux, trois, etc., d’une saga peuvent être considérés comme un sequel. Mais plus précisément, le mot sequel correspond à un ou plusieurs romans qui vont raconter les faits postérieurs à ceux de l'œuvre principale. On se place donc après les événements originaux, la plupart du temps dans une temporalité plus éloignée dans laquelle le lectorat suivra d’autres personnages. C’est le cas de la saga Heir de Sabaa Tahir qui reprend l’univers fantasy d’Une braise sous la cendre, mais des années plus tard.

Tome compagnon : lorsqu’un·e auteur·rice écrit plusieurs romans qui se passent dans un même lieu, mais qui suivent des protagonistes différents à chaque fois. Il est possible que les personnages d’un tome fassent une apparition dans un autre tome (on parle alors de cross-over).Toutefois, chaque roman peut être lu indépendamment, ce qui signifie que les lecteurs et lectrices peuvent décider de l’ordre de lecture, ainsi que s’ils·elles ne souhaitent pas lire tous les tomes compagnons. C’est souvent le cas dans le genre de la romance, où chaque tome fera un focus sur un couple différent d’un même cercle d’ami·es, à l’instar de la saga Dream Harbor de Laurie Gilmore.

One shot : un roman auto-conclusif, c’est-à-dire que tous les enjeux de l’intrigue sont résolus à la fin du texte, et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une suite à l’histoire.

Créer une saga : les enjeux d’écriture

Penser sa saga comme un tout

Lorsque vous vous lancez dans l’écriture d’une saga, il est important d’avoir une vision d’ensemble de votre projet, sans vous jeter directement à corps perdu dans l’écriture du tome 1, sans penser à la suite.

Sur Édith & Nous, nous recommandons souvent aux auteur·rices de préparer en amont l’écriture d’un roman : plan détaillé, fiches personnages, synopsis, etc. En écrivant une saga, il faudra élargir votre vision et ne pas seulement réfléchir à la trame narrative du premier roman, mais bien de votre saga dans son ensemble. Les personnages n’évolueront plus seulement dans une intrigue, mais dans des intrigues, au fil d’un nombre beaucoup plus important de pages. Il faut donc vous préparer à penser votre projet de saga comme un tout, en plus de penser chaque tome dans son individualité.

Plus vous aurez préparé la saga dans son entièreté en avance, plus vous « simplifierez » le processus d’écriture (même si écrire un roman n’est jamais simple, bien sûr). Évidemment, ce n’est pas parce que vous avez fait ce travail de réflexion préalable que toute votre saga sera figée et que rien ne pourra changer au fil de l’écriture des tomes, mais cela vous évitera probablement de tomber dans les pièges phares de l’écriture d’une saga.  

Par ailleurs, avant même de vous lancer dans tout ce processus de réflexion, la première question qu’il faudrait vous poser est la suivante : pourquoi je veux écrire une saga ? L’idée derrière ce questionnement est que vous soyez certain·es que le format de la saga est le plus adapté à votre projet et à vos envies. Écrire une saga pour le côté spectaculaire que cette idée renvoie n’est pas vraiment pertinent. S’il n’y a pas de raison apparente à ce que votre idée de roman se passe sur plusieurs tomes, alors ce choix pourra sembler gratuit et vous desservir. Un tome unique complet, disposant d’une intrigue complexe et bien ficelée, sera plus pertinent qu’une trilogie manquant d’intensité. À l’inverse, certains one shot ont parfois suffisamment de matière pour devenir une saga !

Veiller à la cohérence d’ensemble

Rien de pire pour un lecteur ou une lectrice que de se rendre compte au milieu du tome 3 de la saga que le personnage principal n’a plus les yeux de la même couleur ou qu’un personnage disparu dans le tome précédent revient miraculeusement dans l’histoire. Cela peut vous paraître caricatural, mais lorsqu’un·e auteur·rice se lance dans la création d’un univers complexe sur plusieurs tomes (aussi bien pour une duologie qu’une hexalogie), c’est tout à fait possible que des incohérences surviennent au fur et à mesure de l'écriture du texte. 

Tout le travail préparatoire effectué en amont dont nous avons parlé dans la partie précédente a donc pour objectif de vous éviter les incohérences qui feront sans aucun doute tiquer les lecteur·rices les plus attentif·ves.

Lorsqu’on écrit une saga, rien ne doit être laissé au hasard : toutes les informations données, les actions des personnages ou les rebondissements auront un impact non seulement sur le tome en cours, mais sur le reste de la saga !

Travailler la fin de ses tomes

Comme nous le verrons dans la troisième partie de cet article, l’un des enjeux des maisons d’édition lorsqu’elles publient une saga est l’engagement du lectorat dans cet univers. En effet, il est très fréquent que des lecteur·rices qui commencent le premier tome d’une saga ne la poursuivent pas. À cela plusieurs raisons, mais l’une d’elles est forcément le manque d’intérêt du lectorat pour la suite de l’intrigue. Afin d’être certain·e de capter l’attention des lecteur·rices, il est primordial que vous leur donniez envie de lire la suite !

Il faudrait presque penser la fin du manuscrit comme LE moment le plus décisif de tout le tome. Terminer votre histoire sur un élément clé et inattendu qui ne pourrait trouver de réponse que dans le tome suivant est le meilleur moyen d’inciter les lecteur·rices à lire la suite. C’est typiquement ce que fait l’autrice Sabaa Tahir dans Une braise sous la cendre.

Réfléchir à la progression de ses personnages

Enfin, au-delà de l’intrigue en elle-même, il y a la question des personnages. En effet, vos protagonistes vont avoir beaucoup plus de temps et d’espace pour évoluer, grandir et se transformer. Certains vont même beaucoup vieillir entre le premier et le dernier tome du projet ! C’est pourquoi vous devrez prêter une attention très particulière à l’évolution de vos personnages. Un héros ou une héroïne qui reste le·a même du début à la fin d’une saga perdra en intérêt pour les lecteur·rices qui n’auront plus de raison de suivre son histoire.

Raconter la vie et l’histoire d’un ado de 13 ans dans un premier tome sera complètement différent que de dépeindre les aventures d’un jeune adulte de 18 ans dans un cinquième tome, par exemple. Il sera donc nécessaire d’adapter votre style d’écriture et les enjeux de l’intrigue à ces changements pour rester cohérent·e.  

Publier une saga : les enjeux éditoriaux pour une maison d’édition

Un risque éditorial…

Pourquoi publier une saga pourrait-il être un risque pour une maison d’édition ? Pour plusieurs raisons.

Déjà, d’une façon générale, s’engager auprès d’un·e auteur·rice pour publier un manuscrit représente un risque économique pour une maison d’édition. Si le livre ne se vend pas ou pas suffisamment, cela peut mettre – plus ou moins – en péril la maison. Vous imaginez donc bien que publier une saga, qui peut aller de deux à plus d’une dizaine de tomes pour certaines séries-univers, représente un enjeu financier encore plus colossal ! Au-delà des questions d’argent, travailler sur une saga est un investissement de temps énorme pour un·e éditeur·rice : le temps qui sera passé à travailler sur une même saga ne sera pas consacré à rechercher d’autres manuscrits ou à travailler sur d’autres textes.  

Les éditeur·rices doivent choisir avec attention les projets qu’ils·elles vont porter pour s’assurer un minimum de rentabilité (les maisons d’édition restent malgré tout des entreprises qui doivent gagner de l’argent). Bien sûr, tout est une question d’équilibre : certains ouvrages ou sagas best-sellers vont permettre aux maisons d’édition de publier des projets plus ambitieux ou plus « risqués » en termes de ventes. Les éditeur·rices ne sont pas des robots non plus, il y a bien évidemment un facteur lié à leur sensibilité face à la qualité d’un projet qui peut leur donner envie de travailler sur une saga et de la défendre pour qu’elle trouve sa place dans le catalogue de la maison.

… ou un véritable coup de boost ?

D’un autre côté, une saga qui fonctionne est une véritable mine d’or pour un·e éditeur·rice ! La saga permet de fidéliser des lecteur·rices qui attendent les sorties avec impatience et qui, après s’être investi·es pendant des milliers de pages, seront plus susceptibles d’acheter des éditions collector ou autres goodies.

Édition collector de la saga Seasons de Morgane Moncomble

Aujourd’hui, le modèle de la saga est également un très bon moyen pour les auteur·rices de proposer de la nouveauté dans le paysage littéraire et donc aux maisons d’édition de se démarquer grâce à de grandes sagas qui pourront devenir incontournables. Dans un article d’Actualitté paru en avril 2025 et intitulé Les héroïnes de sagas historiques : portraits de femmes vertigineuses, on peut lire la phrase suivante : « Changer de regard, réécrire l’Histoire aujourd’hui, beaucoup d’autrices (et certains auteurs aussi, heureusement) choisissent de raconter l’Histoire autrement. Non en l’enjolivant, mais en la regardant par un autre prisme. Ce n’est plus seulement la guerre vue par les généraux, ou la cour racontée par les rois. C’est la famine vécue par une paysanne. C’est la Révolution dans les yeux d’une tricoteuse des tribunes. C’est une jeune fille noire, oubliée par les archives, à qui on rend enfin un nom et une histoire. »

En d’autres termes, oui, publier une saga aujourd’hui peut vraiment faire l’effet d’un vrai coup de boost pour une maison d’édition (économiquement, mais aussi pour son rayonnement éditorial), et les éditeur·rices sont bien conscient·es de l’effet addictif qu’une saga peut avoir sur son lectorat. Encore faut-il trouver la bonne !

Sur Édith & Nous, les sagas sont les bienvenues et nous donnons la possibilité aux auteur·rices de préciser si un manuscrit fait partie d’une saga, et si oui, de combien de tomes elle est constituée, lorsqu’ils·elles déposent leurs manuscrits sur la plateforme.

Nous avons d’ailleurs contribué à la publication d’une duologie chez Albin Michel Jeunesse, Les Mikrosaures de Pénélope Plessis, dont le second tome sortira le 28 janvier 2026 !

Les Mikrosaures de Pénélope Plessis

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