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Conseils écriture

Le cliffhanger, la clé d'un suspense réussi

Par 

Solenn Rousseau

Le 

Oct 03, 2022

Le terme anglais cliffhanger est une combinaison de deux mots : « cliff », qui signifie « falaise », et « hanger », qui veut dire « suspension ». En français, cette association de mots exprime ce « qui est suspendu au bord d’une falaise ». Même si ce terme vous paraît étrange, voire inconnu, vous êtes susceptible de retrouver des cliffhangers bien plus souvent que vous ne l’imaginez.

Que ce soit dans vos séries Netflix favorites, dans des romans ou dans des films à rebondissements, cette technique est très fréquemment utilisée pour tenir les lecteur·rices ou les spectateur·rices en haleine et leur donner envie de poursuivre leur lecture ou leur visionnage.

Découvrez ce qu’est un cliffhanger et maîtrisez cette technique pour couper le souffle de vos lecteur·rices à tous les coups !

Qu’est-ce qu'un cliffhanger ?

Le cliffhanger est le moment de l’histoire où vous n’en croyez pas vos yeux, où le héros est à deux doigts de se faire tirer dessus, où votre couple préféré se sépare brutalement, où votre actrice favorite apprend que son frère n’a pas disparu. Pour résumer, c’est un moment clé du récit où l’inattendu se produit.

Le cliffhanger ou comment tenir le.a lecture.rice en haleine

Pour en donner une définition plus claire, le cliffhanger est une technique narrative qui consiste à couper une action en deux dans le but de surprendre et d’attiser la curiosité.
La résolution du cliffhanger, c’est-à-dire la seconde partie de l’action, vient assez rapidement après la révélation.

Le terme cliffhanger a pour synonyme français le mot suspense, qui signifie, selon le Larousse, un « moment d’un spectacle, film, d’une œuvre littéraire, où l’action tient le spectateur ou le lecteur dans l’attente angoissée de ce qui va se produire ». Cependant, nous tenions à mettre l’accent sur une différence majeure entre ces deux termes. Même si le cliffhanger et le suspense ont tous les deux pour but de mettre une action en suspens, le cliffhanger a en plus une dimension de soudaineté. Tandis que le suspense peut être présent tout au long du récit ou du film. On parle par exemple des « séries à suspense ».

Les origines du terme cliffhanger

Le terme cliffhanger a d’abord été utilisé dans les années trente aux États-Unis pendant la montée en puissance des séries. Dans les années cinquante, ce terme a même rejoint le vocabulaire du sport puisqu’il était utilisé pour désigner une compétition dont l’issue est incertaine jusqu’à la dernière seconde.

En revanche, on doit l’utilisation du cliffhanger en tant que technique narrative à l’écrivain anglais Thomas Hardy, qui est considéré comme le créateur de cette technique littéraire depuis son livre A Pair of Blue Eyes, publié en feuilletons entre 1972 et 1973, lorsque son personnage principal Henry Knight se retrouve suspendu à une falaise, laissant aux lecteur·rices une sensation de vertige dans une scène au suspense insoutenable.

À l’écran, c’est en 1993 que sort un film, portant bien son nom, Cliffhanger : traque au sommet réalisé par Renny Harlin. Œuvre de fiction dans laquelle le héros de l’histoire, interprété par Sylvester Stallone, est alpiniste-secouriste dans les montagnes Rocheuses.

Évidemment, vous n’avez pas besoin de coincer vos personnages entre deux montagnes pour faire un bon cliffhanger, mais ces deux œuvres apparaissent généralement comme des références du recours à l’usage du cliffhanger pour créer des effets de suspense intense.

Pour citer un exemple littéraire plus récent, l’auteur Joël Dicker utilise les cliffhangers dans La Vérité sur l’affaire Harry Quebert ou encore dans l’Affaire Alaska Sanders. Dans ses romans policiers, il a fréquemment recours à cette technique par laquelle il surprend ses lecteur·rices en leur faisant croire que tel ou tel personnage est coupable grâce à des preuves qui semblent irréfutables. Tout cela, avant de retourner la situation quelques chapitres plus loin, en nous révélant l’identité du vrai meurtrier.

Intégrer des cliffhangers à son histoire

Maintenant que vous savez ce qu’est un cliffhanger, il nous paraît important de vous préciser où le placer dans votre récit pour en maximiser les effets. Un cliffhanger inséré au mauvais endroit et au mauvais moment de votre intrigue pourrait déranger le lectorat et bouleverser toute la structure narrative de votre histoire.

La structure narrative classique d'un récit

La structure narrative, appelée aussi le schéma narratif, de votre récit, correspond à toutes les étapes qu’il faut respecter pour que votre histoire se tienne et qu’elle soit cohérente.

Il existe un schéma narratif dit « classique » que tous les récits sont censés respecter.

  1. Une situation initiale ou incipit qui met en place tous les éléments nécessaires à l’histoire.
  2. Un élément déclencheur qui casse cette situation stable du début et crée votre intrigue.
  3. Un nœud qui regroupe toutes les actions utiles à la résolution de l’intrigue.
  4. Un dénouement qui clôture toutes les péripéties du nœud.
  5. Une situation finale qui replace tous les éléments dans un état de stabilité.

Ce procédé est utilisé en littérature et c’est à peu de choses près le même lorsque vous regardez un épisode de série. On parle alors d’arc narratif autrement dit de « la structure narrative du scénario d’une série. C’est la montée et la descente de la tension, le rythme et la source d’une intrigue qui s’étalera généralement sur plusieurs épisodes, voire sur une saison complète. »

Cet arc reprend sensiblement les mêmes codes que ceux du récit.

Avant de vouloir ajouter un cliffhanger à votre récit, il est primordial de veiller à ce que sa structure narrative soit solide. Quand vous confiez votre manuscrit à notre atelier Relecture, l’un·e de nos conseiller·ères étudie avec précision la structure narrative de votre récit et s’assure notamment de sa cohérence.

Savoir où mettre du suspense

Une fois que vous vous êtes assuré·es que la structure de votre texte est bonne, c’est le moment d’y ajouter un peu de suspense, de frisson et d’inattendu.

Le tout est de bien placer votre cliffhanger pour tenir le·a lecteur·rice en haleine.

À la fin d'un chapitre

Généralement, il est intéressant de placer un cliffhanger à la fin d’un chapitre pour donner immédiatement envie de tourner la page.

C’est d’ailleurs tout le concept du terme anglais de plus en plus utilisé : « page-turner ». Un roman page-turner est un livre dont vous ne parvenez à pas vous détourner. Les chapitres se lisent à une vitesse folle tellement les rebondissements y sont fréquents.

Le risque, avec cette volonté de faire tourner les pages, est d’abuser des cliffhangers. Il faut savoir les utiliser à bon escient !

La construction de votre cliffhanger pourrait être pensée de cette façon : à la fin d’un chapitre, la première moitié de l’action se déroule, elle doit être choquante pour le·a lecteur·rice. Par exemple, votre héros, seul dans la rue, se fait menacer par des personnes armées.

Au début du chapitre suivant, la seconde partie de l’action a lieu, et la tension amenée par votre cliffhanger redescend. Pour continuer l’exemple précédent, votre personnage est finalement secouru par un policier témoin de l’attaque.

À la fin d'un tome

Dans les sagas, le plus intéressant est de placer un cliffhanger à la fin du tout dernier chapitre, afin de donner envie aux lecteur·rices d’aller lire le tome suivant. Même si vous pouvez également en placer quelques-uns au fil de l’intrigue, il faut laisser votre lectorat en suspens à la fin du livre.

Dans ce cas-là, vous n’offrez aux lecteur·rices que la première partie de l’action et la résolution se trouvera au début du tome suivant.

C’est exactement ce que fait l’auteur Michael McDowell dans sa série de romans Blackwater.

Écrite en 1983, cette saga sera traduite en français pour la première fois et publiée chez Monsieur Toussaint Louverture durant l’été 2022.

Durant six tomes, lus aussi rapidement que s’il s’agissait d’un épisode d’une série, le·a lecteur·rice est envouté·e par cette intrigue qui oscille entre réalisme et fantastique. L’auteur a su maintenir la tension tout au long des récits, nous laissant à la fin de chaque tome dans l’attente de la suite grâce à des cliffhangers savamment placés.

S’il fallait faire un parallèle avec des séries, comment ne pas citer les cliffhangers de la série Prison Break ? *Halte spoilers* à la dernière seconde d’un épisode, le·a spectateur·rice pense que le célèbre Michael Scofield s’est fait démasquer ou encore à la fin de la première saison, les prisonniers s’évadent de prison, mais se font rattraper : cette série sait comment captiver un public !

La différence entre le cliffhanger et le climax

Il est aussi important de rappeler la différence entre un cliffhanger et un climax afin que vous ne tombiez pas dans le piège et mélangiez ces deux procédés au cours de l’écriture de vos récits.

Selon l’auteur français Samuel Delage, les deux techniques ont un même but : donner du rythme à son histoire.

Le climax correspond au point culminant de l’intrigue. Le moment le plus attendu du roman que vous lisez ou de la saison de la série que vous regardez. Là où la tension est la plus forte et le rebondissement clé. Il ne peut y en avoir qu’un, au risque d’ennuyer le lectorat qui n’aurait plus d’effet de surprise.

Les cliffhangers, quant à eux, sont moins intenses que le climax et peuvent être multiples. Ils servent de tremplin pour faire monter la tension pendant toute l’histoire jusqu’au climax.

Les techniques pour élaborer un bon cliffhanger

Maintenant que vous savez tout sur l’art du suspense, nous voulions vous donner quelques clés afin de créer les meilleurs cliffhangers possibles.

Travailler ses personnages pour plus d'effet

Pour que vos cliffhangers produisent de l’effet sur votre lectorat, il est primordial qu’il connaisse vos personnages et s'en sente proche. En effet, si le·a lecteur·rice ne ressent aucune affection pour votre personnage principal, le fait qu’il se retrouve suspendu à une falaise ne va lui faire ni chaud ni froid. Tandis que si les lecteurs ou les lectrices se sentent concerné·es par sa vie, le moment de tension prendra tout son sens.

Pour créer des personnages attachants, dont on se sent proche grâce à leurs histoires personnelles, nous vous conseillons d’aller lire sur notre blog deux articles qui vous aideront à créer une fiche personnage et à imaginer une backstory.

Faire monter la tension tout en restant inattendu

Ensuite, il est important que la tension monte petit à petit. Rien de trop précipité : personne n’aime lorsqu’un rebondissement surgit d’une ligne à l’autre, sans contexte.

Pour créer du suspense, vous pouvez disperser quelques indices au fil de votre récit afin que les lecteur·rices les plus attentif·ves commencent à comprendre ce qu’il se trame.

Mais attention ! Restez discret·e sur les indices, vous ne voudriez quand même pas spoiler vos lecteur·rices ?

De la subtilité pour un cliffhanger crédible

Plus vous êtes subtil·e, plus votre cliffhanger sera crédible. En effet, le but n’est pas que le lectorat soit complètement perdu au moment de votre grande révélation. Toujours dans cette idée de cohérence et de structure, il est important que vos rebondissements soient au service de l’intrigue générale et ne viennent pas la perturber avec un évènement qui n’a rien à faire dans votre récit.

Varier les suspenses

Pour fonctionner, votre cliffhanger n’a pas toujours besoin d’être une question de vie ou de mort sur l’un de vos personnages. Il faut que vous adaptiez le suspense au ton de votre histoire. Vous pouvez mettre en place une dispute inattendue, la découverte d’un mensonge, une rupture entre deux personnages, le retour d’un personnage que l’on ne pensait plus revoir…

Tout est possible du moment que vous êtes cohérent dans vos propos !

Nous espérons que cet article vous apportera toutes les réponses aux questions que vous vous posiez sur les cliffhangers et qu’il vous aidera à créer du suspense dans vos romans !

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