La belle histoire de Samy Saïb
Par
Le
Depuis l’enfance, j’aime les histoires. En lire et en écrire. Des concours de nouvelles aux premières ébauches de romans, j’ai finalement écrit mon premier manuscrit… sans aucune méthode.
J’ai bien sûr envoyé ce texte à plusieurs éditeurs et, tant qu’à faire, aux plus prestigieux de Paris. Certains ont pris le temps de le lire (au moins en partie), et l’un d’entre eux a eu la gentillesse de me rencontrer pour me donner des conseils. Il décelait un réel potentiel dans mon écriture, mais aussi la nécessité de réaliser un (énorme) travail pour pouvoir être publié un jour. Autant dire que cette rencontre, aussi frustrante soit-elle, est restée un moteur dans mon parcours. L’espoir n’était pas vain !
Fort de ses conseils, j’ai décidé de me former, comme pour tout métier. J’ai d’abord participé à des ateliers d’écriture, j’ai suivi des master class, écouté des podcasts et étudié de nombreux ouvrages sur les techniques narratives.
Je suis passé de l’improvisation totale à l’architecture obsessionnelle.
Au fil de cet apprentissage, j’ai décidé de me lancer dans l’écriture d’un nouveau roman en guise d’exercice pratique. Le but : me faire plaisir et trouver mon style, ma méthode. Je n’avais évidemment pas imaginé qu’il serait repéré sur Édith & Nous et publié par les éditions Prisma deux ans après. Raconter que j’ai mieux travaillé ce texte que le premier serait peu dire. En réalité, je suis passé de l’improvisation totale à l’architecture obsessionnelle. Un vrai tordu de la planification, avec un certain plaisir à cela.
J’écris aujourd’hui mes romans en trois grandes étapes : préparation, rédaction, réécritures. M’apparaît d’abord une idée, un personnage ou une émotion, qui se caractérise souvent par l’image de la fin du roman. Si l’idée est assez forte et persistante, j’ouvre un nouveau carnet où je commence par résumer l’histoire en une ligne. Puis je l’étoffe en un paragraphe, en deux, trois et ainsi de suite jusqu’à obtenir un premier synopsis. En parallèle, mes recherches m’aident à déterminer mon décor (historique, social, politique…), pendant que naissent naturellement les personnages, leur background et leur psychologie.
Je travaille la structure du récit de fond en comble. C’est là que j’équilibre les actes du récit, place les pivots et rebondissements de l’histoire, garantis des arcs narratifs pour chaque personnage (même les plus secondaires), prépare le climax et pense une fin qui répondra à toutes les questions. Et surtout, je choisis consciencieusement les points de vue narratifs pour transmettre au mieux l’émotion et ménager le suspense. J’établis un plan par chapitres, puis par scènes, à partir duquel je rédige mon premier jet.
Une fois cette première version achevée, je passe quelques semaines loin du texte, avant d’entamer les réécritures. Il y en a environ trois.
C’est l’étape la plus longue. J’écris sans jamais me relire. La préparation me permet de ne jamais subir le syndrome de la page blanche, et cela, même après une longue pause sans écrire. Toutefois, lors du premier jet, j’aime parfois me détacher du plan de base, le remodeler et même l’oublier.
Une fois cette première version achevée, je passe quelques semaines loin du texte, avant d’entamer les réécritures. Il y en a environ trois. Je revois le fond de l’histoire d’abord (la cohérence de l’intrigue et des personnages), puis je travaille la narration (descriptions, dialogues, style), et enfin, je m’attarde sur la langue pure. Les mots d’ordre de ces réécritures : harmoniser, rythmer, alléger.
Je venais de terminer ce fameux « roman-exercice » quand j’ai découvert l’existence d’Édith & Nous. Morgane était invitée au podcast « Devenir Écrivain » de Lucie Castel, pour présenter la plateforme.
J’ai tenté l’aventure en souscrivant à l’abonnement Premium, sans grande conviction au départ (mon texte était-il assez bon ? Et cette plateforme : attrape-nigauds ou véritable aide aux auteurs ?). Mes doutes se sont vite atténués grâce au professionnalisme de Solenn et ses encouragements concernant mon profil et le pitch du roman.
J’ai d’emblée cherché à savoir si, selon elle, mon manuscrit avait ses chances. Après avoir pris le temps d’en poursuivre la lecture, Solenn est revenue vers moi pleine d’enthousiasme. Elle souhaitait le recommander à des éditeurs partenaires. J’ai, sur sa demande, suspendu mes démarches vers les maisons d’édition et m’en suis entièrement remis à elle. Après quelques mois ponctués de visites de mon profil et lectures de mon texte par divers éditeurs, les Éditions Prisma m’ont contacté. Ils souhaitaient publier mon texte dans le cadre du Prix du Roman Femme Actuelle 2024.
L’immense joie de voir mon rêve se réaliser était accompagnée du soulagement que mon travail paye enfin. La suite a été très rapide : signature du contrat, travail de correction, élaboration du titre, de la couverture… jusqu’à la cérémonie de remise du Prix (le Coup de Cœur du Jury pour mon roman), où j’ai pu remercier Solenn et une partie de l’équipe d’Édith & Nous de vive voix. Nul doute que, sans eux, Le Secret du Manoir aux Truffes ne se serait jamais retrouvé dans les rayons des librairies.
Après la sortie, il a fallu redoubler d’efforts pour faire vivre le roman. Démarcher les libraires et les salons est un travail fastidieux, qui prend du temps, de l’énergie et qui impose de supporter les nombreuses portes fermées. Cependant, lorsqu’on tombe sur les bonnes personnes, les rencontres peuvent s’avérer magiques.
Le parcours d’auteur nécessite énormément de patience et de persévérance.
J’ai participé à une dizaine de séances de dédicaces où j’ai eu la chance de rencontrer des libraires passionnés ainsi que des lecteurs d’une grande générosité. Ces instants restent la plus belle récompense et la meilleure motivation. Les réseaux sociaux m’ont également permis de recevoir des messages très touchants de lecteurs et de garder des liens avec certains d’entre eux.
Un an après la parution du roman aux éditions Prisma, j’ai eu l’honneur de voir Le Secret du Manoir aux Truffes intégrer le catalogue France Loisirs. Il ne reste plus qu’à une maison d'édition poche de reprendre le roman pour que la réussite soit complète ! Chers éditeurs, n’hésitez donc plus à pousser la porte du Manoir Aux Truffes… En attendant, je termine l’écriture de mon prochain roman.
Le parcours d’auteur nécessite énormément de patience et de persévérance. Nombreux sont les obstacles et les déceptions qui peuvent démotiver mais, malgré le rôle certain que (hélas) la chance joue dans la réussite, je reste persuadé que la détermination et le travail payent.
