une flèche pointant vers la droite
Tous les articles
Les histoires d'Édith

La belle histoire de Nina Lan

Par 

Nina Lan

Le 

Jul 15, 2025

Nina Lan est écrivaine. En 2024, elle a publié La Tisseuse de Vents, repéré sur Édith & Nous, chez Didier Jeunesse. Depuis, elle a gagné plusieurs prix prestigieux et s’apprête à publier ses prochains romans de romance et de fantasy.

Table des matières

fléche pour ouvrir la table des matières

Aucun parcours d’écriture ne ressemble à un autre.

Cette phrase, j’aurais aimé qu’on me la dise avant de me lancer dans l’aventure. En 2017, du haut de mes trente-deux ans, je crois encore au père Noël (ou presque). J’écris mon premier roman dans l’ignorance totale du milieu éditorial, il est signé assez vite par une petite maison indépendante, puis paraît en 2021 : voilà ce que j’appelle un long fleuve tranquille. Persuadée que ce sera la même chose pour mes textes suivants, je me lance dans la fantasy. J’écris un nouveau manuscrit, très dense, que j’adore toujours aujourd’hui avec une tendresse particulière. Mais la réalité me rattrape : il ne passe nulle part. On le remarque, certes, il ouvre les portes des comités de lecture, mais ça s’arrête là. Je sais qu’il mérite retravail et coupes franches, ce que je fais pendant quelques mois avant de lâcher prise tout doucement. À ce stade de mes capacités, j'ai besoin d'un autre regard. Et surtout, d’un autre projet pour m’enthousiasmer.

Je suis de la team de celles·eux qui pensent que l’inspiration sans effort ne vaut pas grand-chose. Alors je bosse, je bosse, je bosse.

C’est alors que j’entends parler d’un concours d’écriture. C’est sa première édition, il faut un premier chapitre et un synopsis. Qu’à cela ne tienne ! Je m’attelle à la tâche avec hargne, scénarisant une intrigue qui change dix fois cet été-là, mais dont la base reste la même : une histoire de Vents magiques et de Liens. Je m’amuse beaucoup et me discipline tout à la fois. Les demandes du concours sont très strictes, notamment en nombre de mots. Alors je m’arrache les cheveux sur le synopsis. Les idées arrivent pêle-mêle. C’est chatoyant, un peu borderline, ça ressemble à de l’art abstrait… en résumé : c’est diablement bordélique. Je prends d’une main ma résilience, de l’autre ma souris d’ordinateur et c’est parti pour le travail. Je suis de la team de celles·eux qui pensent que l’inspiration sans effort ne vaut pas grand-chose. Alors je bosse, je bosse, je bosse. Et ça marche plutôt bien, parce que je suis sélectionnée pour rencontrer un éditeur à Paris et discuter sérieusement. C’est un premier pas. Pendant plus de six mois, j’écris et retravaille ce manuscrit jusqu’à ce que je croie être la meilleure version que je puisse produire.

Mais quand je l’envoie finalement à l’automne 2022, il est refusé. J’ai beau savoir que c’est fréquent, que c’est compliqué d’être éditée, je suis déçue. Et si je n’étais pas faite pour écrire de la fantasy ? Après tout, c’est le deuxième que je range dans mes tiroirs. Je me lance alors dans une nouvelle romance dont je tire le premier jet en un mois (Architecture of Love, qui sortira en août 2025 chez les éditions &H !). Et puis Noël arrive, et, comme je crois encore au père Noël (mais si, je l’ai dit plus haut !), je fais quelques envois ambitieux pour La Tisseuse de Vents. En un rien de temps, je reçois l’intérêt d’une maison d’édition. C’est fou ! Je me souviens comme si c'était hier de mon cœur qui bat la chamade sur le parking de l’école de mon fils quand le mail s’affiche sur l'écran de mon portable. Mais là encore, ça tombe à l’eau. Néanmoins, on me donne des pistes de retravail, donc la porte ne se ferme pas. Motivée comme jamais, j’entreprends une correction intensive. Je bosse, bosse, bosse (oui, je me répète, mais un roman, c’est 95 % de travail, 2 % de chance et 3 % d’inspiration, à mon sens).

Imaginez la gamelle que je me prends quand, deux mois plus tard, alors que j’envoie mon manuscrit revu à cette maison d’édition, ils me disent que ce n’est plus ce qu’ils cherchent pour le moment ! Le texte est en stand-by, et moi, je commence à vraiment désespérer.

Je passe un mois de juin pour le moins désastreux. J’ai l’impression que tout le monde réussit sauf moi, et je ne peux rien y faire : les dés ne sont plus dans ma main. Je reçois un ou deux refus types, plus RIEN ne se passe. Pourtant, je crois en mon texte. Je le sais, il a quelque chose.

Lorène place le texte dans la liste de lecture d’un éditeur. Puis d’un autre. Et encore un autre. Je reçois des dizaines de notifications, je crois que je vis l’apogée de mon stress…

Là, une amie me parle d’Édith & Nous. Elle a signé son roman avec l’École des Loisirs. « Essaie », me dit-elle. Elle est un peu timbrée, mais c’est pour ça que je l’aime ; et surtout, elle est vraiment sûre que ça va fonctionner. La foi aveugle. Je réfléchis et me fixe six mois pour tester la version payante. Si au-delà de ce laps de temps, rien ne se produit, je retirerais mon texte de la plateforme. Je me le promets. Au début, il ne se passe pas grand-chose. Puis Lorène, une éditrice d'Édith & Nous, vient vers moi pour discuter de ma présentation, des mots-clés, du synopsis. Je modifie à la marge, mais quand elle me propose de changer quelques phrases dans le chapitre 1, je refuse. Je ne veux plus en toucher une virgule, c’est à prendre ou à laisser. Elle n’insiste pas. L’été passe. En août, la plateforme commence à s’animer. Lorène place le texte dans la liste de lecture d’un éditeur. Puis d’un autre. Et encore un autre. Je reçois des dizaines de notifications, je crois que je vis l’apogée de mon stress… Il n’en est rien.

Un vendredi, au matin, la maison d’édition pour qui j’ai retravaillé mon texte en début d’année m’indique l’avoir relu… et c’est un grand OUI. Je hurle de bonheur. Ce livre va exister ! Pour de vrai ! Sauf que l’après-midi même, c’est Didier Jeunesse qui me contacte. Elles ont découvert le roman en deux jours, c’est un méga coup de cœur, elles aimeraient me publier. Je fais l’autruche un week-end, trop stressée par cette effervescence soudaine (je déteste faire des choix !). Mais le lundi…

Une troisième maison d’édition me propose une publication.

Difficile d’expliciter ce que j’ai ressenti. Le plaisir du « oui » devient torture. Je dois écouter, soupeser, comparer, et bien sûr, me décider. Tout le monde patiente avec douceur. Des amis me conseillent. Je tranche en faveur de Didier Jeunesse. C’est à la fois une question de contrat, évidemment, mais également de vision, d’équipe, de conviction. Les autres éditeurs le comprennent, ce que je trouve génial. Avec mes éditrices, on s’entend tout de suite très bien. Il faut dire qu’elles sont aussi enthousiastes que moi. Chaque mois entre la signature et la sortie est ponctué de projets : on me parle d’une box, de goodies, de vernis et de dorure sur la couverture, d’événement de lancement… En même temps, je travaille d’arrache-pied avec Marie, mon éditrice, pour transformer le manuscrit en texte fini. Vous commencez à connaître la rengaine : je bosse, bosse, bosse.

La Tisseuse de Vents est paru en mai 2024. En un an, j’ai vécu mille vies. Le roman a gagné le Grand Prix des Lecteurs du Journal de Mickey fin 2024, puis, en mai 2025, le prix Jeunesse des Imaginales (vous savez, le même prix qu’a remporté Pierre Bottero pour La Quête d’Ewilan !). J’ai dédicacé des centaines de livres dans plein de villes de France, rencontré des lecteur·rices, fait des tables rondes, enregistré des podcasts. Une année de malade.

La Tisseuse de vents de Nina Lan

À l’heure où j’écris cet article, j’ai signé pour un nouveau one shot de fantasy avec Didier Jeunesse (2026), ma romance sort bientôt, et quelques autres contrats se bousculent pour trouver un créneau dans mon emploi du temps. Les journées ne font toujours que vingt-quatre heures, je dois donc me montrer plus organisée, refuser peut-être quelques propositions. Mais pour le moment, j’ai encore envie de dire oui à tout !

Nina Lan

Tous vos manuscrits à la portée de plus de 150 éditeurs ! Protégez et présentez vos manuscrits.

CRÉER MON COMPTE AUTEUR
une flèche pointant vers la droite

Nos derniers articles

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et la navigation sur le site, pour en mesurer l’audience et en analyser le flux et pour vous proposer des contenus et des publicités personnalisées.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre Politique de cookies.

AccepterPersonnaliser mes choix
une croix pour fermer le popup