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Conseils édition

Tout savoir sur l'auto-édition

Par 

Solenn Rousseau

Le 

Apr 09, 2024

En tant qu’auteur·rice, vous avez très certainement déjà entendu parler de l’auto-édition. Dans le monde du livre, c’est un sujet parfois controversé, qui peut susciter des débats et des désaccords entre les auteur·rices auto-édité·es et celles et ceux qui ne souhaitent pas avoir recours à cette technique.

Cet article a pour objectif de lever le voile sur ce qu’est l’auto-édition, sur comment (bien) s’auto-éditer et sur les choses à savoir avant de se lancer dans cette entreprise. En bref, après cette lecture, l’auto-édition n’aura plus de secret pour vous !

L’auto-édition, qu’est-ce que c’est réellement ?

Une définition de l’auto-édition

L’auto-édition consiste pour un·e auteur·rice à publier son ouvrage sans passer par l’intermédiaire d’une maison d’édition traditionnelle. Ce processus de désintermédiation est de plus en plus courant dans le paysage éditorial français. Selon un article d’Actualitté, le choix de l’auto-édition est le reflet d’un monde littéraire « caractérisé par des avancées technologiques rapides et des habitudes de consommation dynamiques ».

Toutefois, comme nous le verrons au fil de l’article, l’auto-édition permet certes aux auteur·rices de se détacher des intermédiaires classiques de la chaîne du livre, mais pour mener à bien un projet d’auto-édition, il est souvent utile et bénéfique de s’entourer de professionnel·les. Finalement, nous pouvons plutôt parler d’une modification des intermédiaires plutôt que de leur suppression totale.  

Quelques chiffres clés sur l’auto-édition

Il est très fréquent d’entendre aujourd’hui qu’énormément d’auteur·rices passent par l’auto-publication, mais qu’en est-il réellement ?

La Bibliothèque nationale de France a communiqué des chiffres à ce sujet à la suite d’une étude de l’Observatoire du dépôt légal, datant de 2021. Cette étude nous révèle que, en 2021, un livre imprimé sur quatre est édité par un contrat à compte d’auteur ou auto-édité. Plus précisément encore, l’auto-édition représentait 25,4 % des dépôts à la Bibliothèque nationale de France en 2021. Ce processus de dépôt légal d’un ouvrage auprès de la BnF est obligatoire dès lors qu’un livre est publié – quel que soit le type de contrat d’édition – afin de conserver une trace du patrimoine culturel diffusé en France. Cela permet également, tous les ans, de connaître le nombre d’ouvrages qui ont été publiés, ainsi que le nombre de déposants.

L’Observatoire du dépôt légal nous informe également qu’en 2021 il y a eu 1 639 déposant·es de livres auto-édités, pour un total de 6 696 dépôts. Ce qui signifie qu’il y a eu plus de 6 000 ouvrages auto-édités en 2021, tous genres littéraires confondus. Depuis 2019, nous remarquons une baisse du nombre de déposant·es mais, à l’inverse, une augmentation du nombre de dépôts. Ce qui veut dire que moins d’auteur·rices s’auto-éditent, mais que celles et ceux qui le font produisent plus de contenus ! En revanche, 61,8 % des dépôts sont toujours effectués par des « éditeur·rices professionnel·les », donc des maisons d’édition traditionnelles.

Pour conclure cette partie plus théorique, nous voyons donc que l’auto-édition est privilégiée par certain·es écrivain·es, mais que cela ne prend pas le pas sur l’édition traditionnelle.

Pourquoi s’auto-éditer ?

Plusieurs raisons peuvent motiver les autrices ou les auteurs à passer par l’auto-édition. Ici, nous parlerons des deux arguments les plus fréquemment utilisés par les auteur·rices : se défaire de l’étape de la présélection des manuscrits et pouvoir conserver le contrôle sur la création du projet.

Éviter l’étape du comité de lecture

Le comité de lecture est une étape fondamentale du processus éditorial dans une maison d’édition traditionnelle. Pourquoi ? Parce que si votre manuscrit ne passe pas ce premier filtre, votre texte ne sera pas lu par les éditeur·rices de la maison.

Le comité de lecture s’occupe de réceptionner les manuscrits reçus, de les trier, de conserver ceux qui correspondent à la ligne éditoriale de la maison et de sélectionner les textes à potentiel, qui seront ensuite proposés aux éditeur·rices. Cette étape est donc très sélective et peu de textes arrivent à passer à la phase suivante. Aussi, le nombre de manuscrits reçus par les maisons d’édition étant colossal, les membres du comité de lecture prennent du temps avant de consulter les textes, et ne peuvent parfois pas tous les lire.

C’est un processus très long pour les auteur·rices, qui ne sont pas certain·es d’avoir une réponse de la part de la maison d’édition.

C’est pourquoi l’auto-édition apparaît alors comme une solution : le comité de lecture n’existe plus !

Garder la main sur le projet de livre

Au-delà de cette volonté d’échapper aux filtres des maisons d’édition, certain·es auteur·rices souhaitent tout simplement pouvoir garder un contrôle total sur la création de leur ouvrage. En effet, lorsqu’un texte est publié par une maison d’édition traditionnelle, l’auteur ou l’autrice doit accepter de respecter la ligne éditoriale de la maison d’édition ainsi que sa charte graphique, afin que le livre se fonde harmonieusement dans le catalogue de la maison. Certain·es auteur·rices préfèrent donc conserver un pouvoir de décision complet sur le texte qui sera proposé aux lecteurs et lectrices.

L’auto-édition : enjeux, avantages et inconvénients

Une fois toutes ces bases posées et ces éclaircissements apportés, nous pouvons maintenant nous poser la question de la réalité derrière l’auto-édition. Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour un auteur ou une autrice ? À quoi faudra-t-il faire face ? Quels sont les avantages et les inconvénients de passer par l’auto-édition ?

Les coûts de l’auto-édition

S’auto-éditer, oui, mais à quel prix ?

La plupart des plateformes qui permettent de s’auto-éditer sont gratuites, mais proposent des services supplémentaires payants pour aider les auteurs et autrices à retravailler leur texte. L’idée derrière cela est de faire en sorte que les auteur·rices ne proposent pas uniquement des premiers jets aux lecteurs et aux lectrices !

Par ailleurs, si vous souhaitez proposer un roman – ou n’importe quel autre type de texte – de qualité à votre lectorat, il est primordial que vous vous fassiez aider par des prestataires externes. Que ce soit des correcteur·rices, des bêta-lecteur·rices, des maquettistes, des graphistes ou encore un·e community manager, vous allez avoir besoin de vous entourer pour permettre à votre projet d’être abouti et d’augmenter sa visibilité.

Bien sûr, vous pouvez choisir de réaliser l’entièreté du livre seul·e, sans passer par des professionnel·les, mais cela aura forcément un impact sur le rendu final de votre texte : même si vous êtes très minutieux ou minutieuse, des erreurs peuvent passer entre les mailles du filet !

Au-delà du prix que peut coûter toute la partie de création du roman, il faut aussi avoir en tête que vous allez devoir payer des frais d’impression – si vous décidez de publier votre livre au format papier – mais aussi prévoir un lieu de stockage pour tous vos exemplaires.

Toutes ces aides externes sont donc coûteuses, et leur montant peut parfois s’élever à plusieurs milliers d’euros.

 

L’atelier Correction est le service de correction par des professionnels recommandé par les auteurs eux-mêmes. Un correcteur professionnel corrige les erreurs d’orthographe, typographiques, de grammaire, de syntaxe de votre manuscrit et le libère de ses lourdeurs et de ses répétitions.

L’auto-édition, une pratique qui demande du temps

Que vous choisissiez de travailler sur votre projet en solitaire ou accompagné·e, vous auto-éditer est une entreprise qui est extrêmement coûteuse en termes de temps. Vous auto-éditer seul·e nécessite de jongler entre beaucoup de métiers différents : il faut donc apprendre de nouvelles compétences, mais aussi les mettre en pratique pour votre propre texte. Il est nécessaire de garder à l’esprit que l’auto-édition vous demandera de passer beaucoup de temps à écrire, relire et corriger votre texte !

Les gains potentiels d’un·e auteur·rice qui s’auto-édite

Il est fréquent d’entendre que, pour chaque vente, l’intégralité du prix du livre revient  aux auteurs et aux autrices qui s’auto-éditent. Ce qui n’est pas réellement le cas. Tout d’abord, en s’auto-éditant via une plateforme, cette dernière peut toucher une commission sur chaque vente, ce qui diminue les revenus de l’auteur ou de l’autrice.

De plus, bien que la marge des auteur·rices auto-édité·es soit plus importante que lors d’une publication chez une maison d’édition traditionnelle, il faut garder à l’esprit qu’une personne qui s’auto-édite ne bénéficie ni d’un diffuseur ni de la force médiatique des maisons d’édition. Il est donc quasiment impossible qu’un livre auto-édité soit présent dans des librairies et dans les médias. Il faut alors assurer soi-même la promotion, la diffusion et la distribution de son texte.

Aussi, avant de pouvoir générer un bénéfice de la vente de ses livres, il faut d’abord rembourser la somme investie dans la création du livre. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Un·e auteur·rice auto-édité·e peut donc tout à fait percevoir un revenu lié à la vente d’ouvrages auto-édités, mais cela demande un investissement préalable. Comme pour l’édition traditionnelle, vivre de sa plume reste encore aujourd’hui compliqué.

La mise en avant des ouvrages auto-édités

La visibilité des livres auto-édités

Comme évoqué précédemment, les livres auto-édités sont difficilement visibles en librairie. En effet, les plateformes d’auto-édition n’ont pas d’équipe de diffusion, normalement en charge d’aller convaincre les libraires d’acheter des livres pour les mettre dans leurs rayons.

Au niveau de la communication, de la promotion et du marketing, l’auteur·rice devra faire avec ses propres moyens pour essayer de mettre en avant la publication de son ouvrage sur les réseaux sociaux et dans les médias. D’où l’importance grandissante de la notion de personal branding, qui permet aux auteurs et autrices de se créer une communauté sur les réseaux sociaux, parfois avant même d’avoir publié un texte. Des réseaux sociaux comme Instagram ou TikTok sont de plus en plus investis par des auteurs et autrices auto-édité·es qui partagent leur quotidien, leur technique d’écriture, leur parcours dans l’auto-édition. Ce qui est une très bonne initiative, puisque cela leur donne la possibilité de faire connaître leur texte en passant par d’autres canaux.

La légitimité des livres auto-édités

La question de la légitimité des livres auto-édités est sans aucun doute celle qui crée encore le plus de débats.

Aujourd’hui, l’édition traditionnelle apporte toujours à l’auteur·rice un statut que l’auto-édition ne permet pas d’acquérir. L’édition à compte d’éditeur est perçue comme celle qui donnera sa validité à un texte, puisque le manuscrit sera passé à travers plusieurs filtres professionnels avant d’arriver entre les mains des lecteur·rices.

Malgré tout, pour certain·es auteur·rices, s’auto-éditer a été un vrai tremplin. Des autrices comme Mélissa Da Costa (Tout le bleu du ciel) ou Agnès Martin-Lugand (Les gens heureux lisent et boivent du café) sont passées par la case auto-édition avant de devenir des autrices à succès ! Mais la finalité a quand même été pour elles de se faire publier par de grandes maisons d’édition comme Albin Michel ou Michel Lafon.

Il faut garder en tête que chaque auteur·rice a des envies différentes : certain·es vont préférer l’auto-édition pour ces avantages, et le manque de visibilité de l’ouvrage ne sera pas un frein, d’autres écrivain·es préféreront passer par des maisons d’édition à compte d’éditeur, bien que le parcours puisse être plus long, pour bénéficier de toutes les opportunités qu’un tel contrat peut proposer.

L’important est de savoir dans quoi vous vous lancez, que vous choisissiez l’auto-édition ou l’édition traditionnelle !

Édith & Nous est le partenaire des plus grandes maisons d’édition. Depuis votre espace Auteur, présentez vos manuscrits à plus de 150 éditeurs et découvrez toutes les fonctionnalités de votre tableau de bord (nombre de vues, notifications de lecture, statistiques d'activité).

Quelques exemples de plateformes qui permettent de s’auto-éditer

Bookelis

Bookelis est une plateforme d'auto-édition qui permet aux auteur·rices de créer leurs livres et de les imprimer grâce à de l'impression à la demande. Sur leur site, vous pouvez choisir les caractéristiques de votre livre et modifier la mise en page de du texte pour ensuite le publier au format papier ou numérique. Vous pouvez également faire une simulation du prix de l'impression directement sur le site de Bookelis. 

Amazon Kindle Direct Publishing

La plateforme Amazon KDP permet aux auteurs et autrices de s’auto-éditer et de rendre leur livre visible dans la bibliothèque Kindle d’Amazon. Vous pouvez à la fois imprimer vos livres au format papier ou ne les avoir qu’au format numérique.

En passant par cette plateforme, Amazon prend une commission allant de 30 à 40% sur le prix de vente de votre livre.

Librinova

Librinova est une plateforme d’auto-édition qui vous permet de publier votre livre à la fois au format papier et en ebook. Le prix des différentes offres proposées par le site varie : le pack numérique commence à partir de 75 euros tandis que le pack papier + numérique débute à partir de 229 euros. Les montants évoluent en fonction des caractéristiques que vous choisissez pour votre livre (suivi des ventes, conception graphique de la couverture, service d’impression, etc.).

Lulu

Le site Lulu.com vous permet d’imprimer toute sorte d’ouvrage et de sélectionner les caractéristiques que vous souhaitez ajouter à votre livre. Vous pouvez faire des devis en ligne pour connaître le montant auquel s’élèvera la création de votre ouvrage, qui changera en fonction du nombre de pages.

Books on Demand

La plateforme Books on Demand se qualifie elle-même de « prestataire de services » sur son site. Cette maison d’auto-édition propose aux auteur·rices divers services payants (correction du texte, création d’une maquette, écriture d’une quatrième de couverture, etc.) ainsi qu'une option supplémentaire pour vous aider à la promotion en ligne du livre pour 279 euros.

L’auteur·rice personnalise directement son prix de vente ; la marge perçue dépendra donc de ce montant.

Publishroom Factory

Publishroom Factory est une plateforme qui aide les auteur·rices à s’auto-éditer. Plusieurs services payants sont mis à disposition des utilisateur·rices (services éditoriaux, services de promotion du livre, etc.). Concernant l’impression et la fabrication de l’ouvrage, vous pouvez faire des devis en ligne pour avoir une idée du prix.

The Book Edition

Cette plateforme d’auto-édition permet aux auteur·rices de vendre leur livre au format numérique sur le site de The Book Edition. La création du livre numérique est gratuite, mais si vous souhaitez procéder à son impression au format papier, il faudra donc payer les coûts de fabrication et d’impression. Vous pouvez également faire des simulations de prix et de devis sur leur site Internet.

 

Vous l’aurez compris, l’auto-édition est un vaste sujet ! Nous espérons que cet article vous donnera toutes les clés nécessaires pour comprendre quels sont les avantages et les inconvénients de l’auto-édition, avant de vous lancer dans un tel processus.  

Exemple du tag « autoédité » disponible sur Édith & Nous

Sur Édith & Nous, lorsque vous déposez votre manuscrit, vous pouvez préciser si votre texte a déjà été auto-édité : ainsi, nos maisons d’édition partenaires en seront informées et pourront analyser votre projet avec plus de précisions !

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