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Caroline Peiffer : Devenir un·e auteur·rice multigenre

Par 

Caroline Peiffer

Le 

Oct 09, 2025

Caroline Peiffer est professeure d’histoire-géographie, autrice, animatrice du podcast Des livres et des mots et créatrice de contenu sur YouTube (Bretzel, Books & Co). Elle a déjà écrit et publié plusieurs romans, et continue à développer son imaginaire dans ses nombreux manuscrits en cours.

Autrice touche-à-tout, j’ai pris l’habitude de jongler avec les genres, de passer d’une histoire à l’autre, d’inventer de nouveaux personnages et d’explorer des univers très différents. Mon objectif : éviter la routine, mais aussi repousser mes propres limites d’écriture et apprendre.

Si j’écris depuis mes dix ans, mes premiers textes étaient surtout bancals, maladroits, et aujourd’hui relégués au fond du placard. Mais depuis environ cinq ans, j’ai développé de vraies méthodes pour passer d’une histoire à l’autre, en améliorant mon style à chaque projet.

Aujourd’hui, je partage avec vous mes techniques pour devenir un·e auteur·rice multigenre : comment nourrir son imagination ? Comment jongler avec des univers très différents ? Comment créer des intrigues originales et des personnages singuliers… sans se répéter ?

Déjà, pourquoi écrire dans plusieurs genres ?

Pendant très longtemps, on a associé un auteur à un seul genre. Comme si écrire un roman (et surtout le publier) vous condamnait à rester enfermé·e dans une case. Or, très vite, j’ai pris conscience que ce n’était pas pour moi, car j’avais trop d’idées, trop d’envies, trop de thématiques à explorer et trop de personnages dans mon esprit qui ne demandaient qu’à sortir pour se faire entendre.

Alors, certes, on a souvent un genre de prédilection – le mien, c’était la fantasy young adult –, un genre qui nous a bercé·es et nourri·es le premier, avant qu’on accepte de lui être infidèles. J’ai grandi avec Les Chevaliers d’Émeraude et La Quête d’Ewilan, et j’ai affiné mon amour pour ce genre avec L’Assassin royal. Puis, j’ai découvert de nouvelles lectures, au travers de la littérature contemporaine (romance, thriller, policier), des histoires qui se passaient dans notre propre monde, et où les émotions, les personnages, les intrigues, m’emportaient différemment, mais tout autant. Et cela m’a donné envie de tout tenter et de tout écrire, moi aussi.

Quelles sont mes techniques pour écrire dans plusieurs genres ?

Règle n° 1 : Nourrir sa créativité

La créativité n’est pas un don mystérieux : c’est un muscle qu’on entraîne, de même qu’écrire n’est pas une discipline magique : c’est un sport dans lequel on s’améliore en pratiquant et en persévérant. Et un sport qui a besoin d’énergie (non ! Pas des barres ultra-protéinées, mais bien de l’inspiration).

La créativité se nourrit de lectures, de films, de séries, de jeux vidéo, mais aussi de conversations, de souvenirs, d’anecdotes improbables (oui, même de cette fois-là où, en allant acheter des tomates au marché, vous êtes tombé·e sur un clown échappé d’un cirque).

Chaque détail de votre vie peut devenir une graine d’histoire et il convient ensuite de l’arroser pour vous en constituer une source inépuisable.

Règle n° 2 : Observer, lire et imiter pour comprendre les codes d’un genre

L’adage prétend que c’est en « forgeant qu’on devient forgeron », et moi, je suis persuadée que c’est en écrivant que l’on devient écrivain… mais aussi en lisant. Car, pour apprendre à écrire dans un genre, il faut d’abord en connaître les codes, puisque chaque genre possède ses propres règles du jeu.

  • En fantasy, il faut bâtir un univers cohérent, un wordbuilding solide, une intrigue qui s’ancre dans ce monde inventé.
  • En policier, il faut une enquête, des indices, de fausses pistes qui tiennent le lecteur en haleine, sans pour autant le perdre.
  • En romance, il faut s’appuyer sur des tropes et des étapes incontournables (friends to lovers, enemies to lovers), des péripéties, mais… à la fin, tout finit bien.

De plus, il faut aussi réfléchir à la cible, et donc à l’âge du lectorat auquel s’adresse notre récit. On ne peut pas écrire une romance contemporaine pour adolescents avec la même langue et la même atmosphère qu’un roman gothique historique pour adultes. Adapter le style, la narration, et même le vocabulaire, est essentiel.

Une fois qu’on a compris cela, on se lance, on essaye, on imite, on tâtonne, on se plante, on réussit. Mais dans tous les cas : on apprend. Un premier jet n’est jamais parfait. Il est là pour exister, pour donner une matière à travailler ensuite.

Règle n°3 : S’organiser

Écrire dans plusieurs genres, c’est un peu comme être un cuisinier qui fait face à plusieurs casseroles sur le feu : si vous ne notez pas ce qui mijote dans chacune, vous risquez vite de confondre le riz et la ratatouille. Tenez des carnets (physiques ou numériques) pour chaque univers, avec :

  • vos personnages ;
  • les grandes lignes de l'intrigue ;
  • le genre choisi ;
  • l'ambiance, les thématiques et les références qui vous inspirent.

Cela vous permettra de passer d’un projet à l’autre sans perdre le fil et d’éviter que votre héroïne de romance contemporaine se retrouve par erreur à chevaucher un dragon dans votre thriller psychologique (oups !).

Maintenant, comment créer des intrigues originales et des personnages singuliers ?

Déjà, retenez une chose : tout a déjà été fait (n’est pas Tolkien qui veut). Mais rassurez-vous, pas par vous.

Aussi, pour vous démarquer, il s’agit surtout de bricoler. La première idée est rarement singulière, mais en la travaillant et en la mixant, vous pouvez réussir à apporter votre touche d’originalité.

Par exemple :

  • Le trope enemies to lovers, c’est un classique de la romantasy. Mais avez-vous pensé à placer l’intrigue dans une station polaire isolée ou un royaume peuplé de tigres à dents de sabre magiques ?
  • Une enquête policière suppose un duo enquêteur·rice/associé·e : pourquoi ne pas faire appel à un mycologue, dans cette sombre histoire d’empoisonnement ?  

Enfin, en ce qui concerne vos héros, souvenez-vous que les histoires qui marquent sont celles où les personnages n’agissent pas toujours comme prévu. Le héros pas très courageux, l’antagoniste persuadé de bien faire, l’héroïne qui déteste les quêtes et préfère ouvrir sa pâtisserie plutôt que répondre à l’appel de la prophétie... Un personnage singulier n’est pas forcément quelqu’un d’extravagant, mais il se démarque par une obsession, une blessure, une contradiction. Un détail qui fait qu’on s’y attache.

Finalement, l’originalité, c’est surtout de la curiosité et une capacité à oser aller là où on ne vous attend pas.

En résumé, souvenez-vous qu’être un·e auteur·rice multigenre, c’est accepter de rester en apprentissage permanent, et de considérer chaque nouveau projet comme une aventure unique.

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