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Édith, c'est nous !

Qui est morgane ?

Par 

Yoann Bonnard

Le 

Mar 26, 2021

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Affamée de livres, plus encore passionnée, toquée, mordue, férue de ces rectangles enfeuillés, Morgane a voué toutes ses études au monde du livre et de l’édition. Diplômée d’un DUT en édition/librairie puis d’un Master en politiques éditoriales, elle a commencé par travailler pour de grandes maisons d’édition avant de se lancer à son compte, en tant qu’éditrice. Classique, logique. Inutile de préciser que Morgane ne se contente pas des compétences qu’elle a déjà acquises, elle est en quête d’excellence et s’abreuve de tout ce qui peut la professionnaliser davantage. Alors oui, après avoir été une belle rencontre, Édith & Nous et Morgane, c’est rapidement devenu une évidence. Un message, un appel, une rencontre et des lectures, et la voilà Responsable éditoriale d'Édith & Nous. L’œil affuté, les sens déployés, Morgane lit, découvre et met en lumière les trésors que les auteurs et les autrices présentent chaque jour sur la plateforme, au plus grand plaisir des éditeurs et des éditrices à qui elle les présente.

Ton premier souvenir de lecture

« Pour mon premier souvenir de lecture, étrangement, je ne me souviens ni du titre ni du nom de l’auteur·rice… J’ai seulement en mémoire l’intrigue et la première de couverture avec cette jeune fille aux cheveux blonds coupés au carré, sur fond rouge et vert, qui tient entre ses mains une dizaine de feuillets noircis. Elle semble les tendre à une personne devant elle dont nous ne voyons que les mains qui en tient déjà quelques-uns, dans la même posture que le·a lecteur·rice qui, lui·elle, tient le roman. L’histoire est celle d’une adolescente qui écrit et dont le rêve est de présenter son manuscrit à une maison d’édition. Elle va donc se lancer corps et âme dans cette mission, jusqu’à ce qu’un éditeur accepte de lire son roman.

C’est, certainement, la première fois que le monde de l’édition se présente à moi, je devais être en primaire. Alors, j’imagine que la découverte de ce monde a trouvé une place de choix dans mon esprit où elle s’y est nichée et qu’elle est peut-être partie de là, cette envie d’exercer le métier d’éditrice, car je n’en ai eu l’idée que bien plus tard, après le lycée. »

Une madeleine de proust ?

« Je pense sans hésiter à La Mère de Pearl Buck. Je l’ai lu au collège, je devais avoir 13-14 ans. Chaque mois, notre professeure de français nous imposait une lecture que l’on devait piocher dans une liste d’une cinquantaine d’ouvrages. Ce qui est drôle, c’est que le choix de ce livre – le premier de l’exercice, il me semble – m’a été conseillé par ma propre mère qui l’avait déjà lu. La romancière américaine raconte l’histoire d’une jeune paysanne chinoise, qui se heurte à la souffrance du travail dans les champs et doit s’occuper seule de ses enfants après que son mari s’est volatilisé. Elle doit faire preuve d’un grand courage et d’une force démesurée pour garder la tête haute et hors de l’eau. Elle vieillit au fil des pages, s’assagit et il semble que nous vieillissons avec elle, épuisé·es par la vie qu’elle a menée. J’ai été bluffée par la justesse de son écriture, par la finesse et la tendresse de ses personnages et par le fond de vérité qui se cachait derrière. Au-delà d’avoir été éblouie par son récit, l’autrice, elle-même, m’a fascinée. Pearl Buck, qui a passé son enfance et une grande partie de sa vie d’adulte en Chine, a pu reproduire à la perfection la vie paysanne chinoise, en la décrivant avec une telle authenticité qu’elle reçut le prix Nobel de Littérature en 1938. Quelques années auparavant, en 1932, elle fut aussi la première Américaine à recevoir le prix Pulitzer pour La Terre chinoise. Une femme inspirante, qui a longtemps lutté pour les droits des femmes dans les pays d’Asie et a largement retranscrit ce combat dans son œuvre : Pivoine, Impératrice de Chine, La Mère, Pavillon des femmes, etc. »

Le livre que tu aurais rêvé d'écrire ?

« Le livre que j’aurais rêvé d’écrire (et qui a aussi changé ma vie, du moins ma perception de cette dernière) est La Folle du logis de Rosa Montero. L’autrice espagnole a brillamment réussi à me faire perdre la raison dans cette lecture. Le génie de son écriture est de jouer avec notre imagination, de s’amuser des différentes perceptions que nous avons de la vie. Elle nous murmure : « Alors lecteur·rice, saurez-vous démêler le vrai du faux ? » Et c’est fascinant, parce qu’elle parvient à nous raconter une histoire dans laquelle on a plaisir à se plonger, sans cette intrigue classique que l’on a pour habitude de retrouver dans les romans. Elle nous transporte d’une idée à l’autre en passant par les mécanismes de la passion amoureuse, les rêves et en s’intéressant aux doutes et aux peurs d’auteurs comme Melville, Goethe ou Tolstoï. Car l’imagination, cette folle du logis qui nous habite en phase de création ou de lecture, est indomptable, insaisissable. On ne peut que se contenter de la sentir flotter autour de nous et d’en attraper les quelques effluves lorsqu’elle ne nous enivre pas. C’est finalement une ode à l’écriture, une mélodie envoutante mais tout aussi déroutante. »

Parle-nous de ton rôle dans l'équipe d'Édith & Nous ?

« Sur Édith & Nous, plusieurs dizaines de manuscrits sont déposés chaque semaine. Il y a donc énormément de matière ! Mon rôle est de mettre en lumière les pépites qui s’y cachent et de partager mes découvertes avec celles des éditeur·rices. Je m’applique donc à consulter régulièrement le site pour découvrir et lire les nouvelles arrivées. Je prends soin de les parcourir une à une, pour m’assurer de ne passer à côté d’aucun trésor.

Ma démarche est simple, je commence par lire le titre dont le coup d’œil me suffit à le qualifier de tout à fait probant ou de très contestable. Mais, bien sûr, je ne m’arrête jamais à ce seul critère car le contenu peut néanmoins être brillant et si l’ouvrage est amené à être publié, c’est l’éditeur·rice qui apportera ses conseils de professionnel·le pour trouver le titre parfait. Puis, je lis le résumé écrit par l’auteur·rice et j’ouvre le manuscrit. En général, j’essaie toujours de lire les dix premières pages, puisqu’à mon sens, elles sont décisives. Ensuite, si le texte dégage quelque chose dans sa plume ou dans son intrigue (ou parfois dans les deux), je le mets de côté et le réserve à une lecture plus approfondie. Avant de passer à l’étape où je creuse la lecture, je parviens souvent à savoir pour quelle maison d’édition je compte présenter le manuscrit. Cependant, il me paraît indispensable de pousser la lecture jusqu’à 50 voire 100 pages avant de le proposer aux éditeur·rices. Une fois la proposition envoyée, je continue la lecture pour pouvoir en discuter avec les éditeur·rices qui pourront à leur tour me donner leurs impressions sur le texte.

Mon principal objectif est, en somme, de mettre en exergue tous les textes qui présentent une concordance avec les lignes éditoriales des éditeur·rices partenaires et qui peuvent aboutir à une publication. Je suis à la fois au service des éditeur·rices et à celui des auteur·rices dont j’ai repéré les manuscrits sur la plateforme. »

Quelles relations développes-tu avec les éditeurs de la plateforme ?

« Ma première approche auprès des éditeur·rices a été de leur proposer un rendez-vous téléphonique pour qu’elles·ils m’exposent précisément tous les points importants de leur ligne éditoriale. J’ai ainsi pu récolter leur vision d’une bonne publication et de la définition d’un bon texte à leurs yeux. Alors que je discutais avec une éditrice et que nous échangions sur ses attentes littéraires, elle m’a demandé si, finalement, les maisons d’édition n’espéraient pas toutes la même chose dans un manuscrit : une voix singulière, une personnalité, une épaisseur, une intrigue inédite, une belle plume… Je lui ai répondu que sur les idées principales, oui, en effet les éditeur·rices recherchent tous·tes cette petite étincelle qui magnifiera davantage leur catalogue. Mais il y a des subtilités selon les maisons d’édition, car elles ont toutes une identité particulière qu’elles ont façonnée depuis leur création. Certains·es acceptent des textes qui requièrent un gros travail éditorial avant la publication, parce qu’elles·ils croient au propos avancé, parce que malgré tout quelque chose s’est produit. D’autres attendent une révélation, autant dans l’écriture et la construction narrative que dans le fond de l’histoire. Et puis, sans surprise, il y a la sensibilité de chacun·e qui est différente face à tel sujet, telle thématique, tel genre ou telle ambiance dans la narration.

Aussi, je porte une attention toute particulière à établir une relation de confiance avec tous·tes les éditeur·rices partenaires de la plateforme. J’aspire à ce qu’elles·ils reçoivent le meilleur contenu possible et qu’elles·ils puissent l’intégrer, comme une évidence, aux autres projets éditoriaux de leur programme. J’espère leur apporter une aide précieuse dans leur quête quotidienne. En étant à leur écoute, je peux me faire une idée toujours plus précise de leurs besoins, de leurs envies et de leurs objectifs. »

Quels conseuls peux-tu donner aux auteurs pour améliorer leurs chances d'être repérés par un éditeur sur Édith & Nous ?

« Commencer son roman par une trop longue description n’aide pas le lectorat à entrer dans le récit, ce qui accroche l’esprit c’est souvent une pensée, une action dans son jus. Comme lorsqu’on entame une discussion avec quelqu’un qu’on connaît peu, il y a toujours ce moment où on essaie de meubler la conversation en parlant de la météo. J’exagère évidemment, mais c’est presque l’idée. Pour séduire un éditeur ou une éditrice, l’auteur·rice doit présenter sa plume dans toute sa splendeur, qu’elle soit très littéraire, tranchante, populaire ou espiègle, et ce dès les premières phrases. Elles doivent être prenantes, saisissantes, les yeux du lectorat doivent filer au gré des mots et leurs doigts doivent tourner les pages (ou les skroller), presque frénétiquement, sans se rendre compte qu’ils ont déjà atteint la cinquantième.

Au-delà de l’écriture qui est l’écrin du roman, il y a l’intrigue, le sujet qui se trouve à l’intérieur et qui n’attend qu’une chose : briller. Les éditeur·rices veulent être époustouflé·es, happé·es, enivré·es par une histoire qu’elles·ils n’ont jamais lue. L’important pour une maison d’édition est d’offrir à son lectorat une perception qu’il n’a jamais expérimentée jusque-là, des personnalités qu’il n’a jamais rencontrées. La nouveauté et l’inédit sont, sans conteste, la clé de voute d’une intrigue réussie. Mais, bien sûr, le récit idéal est aussi celui qui a été habité avant d’être raconté. Auteurs et autrices, cette histoire ou ce propos, vous devez l’avoir porté, dorloté, peaufiné, choyé et amélioré par deux, trois, dix fois. C’est une partie de vous-même dont il faut prendre soin et c’est ce qui apportera toute la contenance, la présence et la profondeur de votre manuscrit.

Un autre élément important, que les auteur·rices de fiction ont pour obligation de bien affiner et, surtout, de ne pas simplement survoler, est la construction des personnages. La plupart du temps (pour ne pas dire la majorité du temps), ce sont les piliers de l’ouvrage, ceux qui animent vaillamment les différents chapitres. C’est pourquoi, il est important de leur laisser le temps de se dévoiler, de ne pas, aussitôt introduits, les soumettre à une description trop précipitée, que ce soit physiquement ou mentalement. La curiosité s’envolerait et le mystère aussi puisque tout serait là, sur quelques lignes.

Le dernier conseil que je pourrais donner aux auteur·rices est de soigner les dialogues. Ils constituent souvent une faiblesse dans la globalité de la narration, car il est difficile de trouver la bonne réplique au moment opportun. Après tout, il s’agit ni plus ni moins d’un instant parlé que l’on veut retranscrire sur papier (ou sur écran). Il ne faut donc pas hésiter à les lire à voix haute pour en tirer le meilleur. »

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