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Les histoires d'Édith

La belle histoire de Marion Desjardins

Par 

Marion Desjardins

Le 

Dec 04, 2025

Marion Desjardins est écrivaine. En parallèle de sa carrière de journaliste, elle a publié plusieurs romans, d’abord aux éditions Gallimard, puis aux éditions Anne Carrière, et aux éditions Cité des Livres. Un accident, paru en 2024, a été découvert sur Édith & Nous.

Difficile d’expliquer pourquoi on écrit. Il y a, pour ce faire, sans doute plusieurs raisons.

Dans mon cas, cela a commencé très tôt quand, enfant, j’essayais de décrypter ce qui se passait à la maison, en me faisant le greffier de ce que j’entendais, relatant ainsi les disputes nombreuses et parfois violentes entre des adultes qui auraient dû être là pour nous protéger. Résultat : un nombre incalculable de petits carnets que j’ai cachés avant de les détruire. Pourquoi ? Parce que je craignais que ce témoignage, s’il était découvert, ne provoque une sorte de déflagration, consciente déjà, si jeune, de la puissance de ce qui était écrit. Comme j’aimerais pouvoir les relire aujourd’hui, ces petits carnets !

Écrire, c’est aussi vouloir se faire aimer, jusqu’au jour où on s’en fiche et où on réalise que c’est devenu indispensable, une véritable drogue. On écrit pour comprendre le monde, se comprendre soi-même, et aussi, et surtout, pour le plaisir, la beauté des mots ; une véritable jouissance qui a un prix, cependant.

J'entreprends, si je peux dire, l’écriture d’un roman ou d’un récit comme s’il s’agissait d’un voyage.

Mes premiers romans, je les ai écrits entre cinq et sept heures du matin. C’était le seul créneau qui me restait entre la maison et les deux enfants encore petits à gérer et une profession exigeante. À cela, il faut ajouter un compagnon qui, non seulement ne m’accompagnait en rien, mais s’ingéniait à me mettre des bâtons dans les roues pour m’empêcher de profiter de ces courts moments de liberté. En vain. On ne décourage pas facilement un écrivain, enfin celui qui s’efforce de le devenir.

S’il faut parler ici de ma façon de procéder, je dirais que chaque écrivain a sa méthode. Certains commencent en faisant un plan. D’autres écrivent dans le désordre pour tout réorganiser ensuite. Pour ma part, je ne planifie rien et j’avance de façon chronologique. J’ai parfois une idée de la fin, mais pas toujours. J’entreprends, si je peux dire, l’écriture d’un roman ou d’un récit comme s’il s’agissait d’un voyage. Je connais ma destination, mais j’ignore qui je vais rencontrer en chemin et ce que je vais découvrir. Si ce n’était pas le cas, j’aurais trop peur de m’ennuyer.

Il n’y avait pas une semaine que j’avais déposé mon texte que Manon Buselli, directrice de collection chez Anne Carrière, m’appelait pour me dire qu’elle souhaitait le publier.

Mes trois premiers romans, Les mouches noires, qui relate une expérience malheureuse au Québec, Surtout ne me raconte rien et Portrait d’un absent, où j’ai essayé de démêler les fils d’une histoire familiale compliquée, ont été publiés aux éditions Gallimard. Une chance ? Pas forcément. Quand on est jeune auteur, il est parfois préférable d’être publié par un petit éditeur avec lequel vous aurez une plus grande proximité, qui va s’occuper davantage de vous, et vous « coucouner » en quelque sorte, ainsi que je le raconte dans Lettres à mon éditeur, un récit publié à compte d’auteur.

Les années suivantes, j’ai continué à écrire et publié moi-même quatre romans. J’avais fait le deuil d’être à nouveau éditée quand, obéissant à je ne sais quelle inspiration, je postai un manuscrit qui me tenait à cœur, Un accident, sur la plateforme Édith & Nous que je venais de découvrir. Comment ? Par hasard. À vrai dire, je ne m’attendais à rien, mais je ne prenais aucun risque. Cela ne m’avait rien coûté. Je n’avais pas souscrit à l’abonnement. C’était plus facile et moins onéreux que d’envoyer son manuscrit par la poste à des éditeurs tellement sollicités que, le plus souvent, ils ne vous répondent pas. Il n’y avait pas une semaine que j’avais déposé mon texte que Manon Buselli, directrice de collection chez Anne Carrière, m’appelait pour me dire qu’elle souhaitait le publier. J’ai pensé bien sûr qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Mais non, dans la foulée, elle me proposait de signer un contrat.

Ce texte, Manon Buselli m’a prévenue [...] qu’il ne serait pas forcément facile à défendre. Cela ne l’a pas empêchée d’avoir le courage de le publier et je lui en suis reconnaissante.

Tout s’est ensuite fait à distance. Nous avons beaucoup communiqué par téléphone avec Manon. Même si elle jugeait le texte abouti, il a fallu le revoir dans le détail, et bien sûr le soumettre à la correctrice. Un travail important a aussi été fait sur la présentation. J’ai beaucoup apprécié la façon dont elle a aéré mon texte pour le rendre plus lisible et le mettre davantage en valeur. Le choix de la couverture a été une autre étape essentielle, et parfois compliquée. Mon éditrice ne voulait rien m’imposer. Il fallait que nous soyons d’accord. C’est ce qui a pris le plus de temps.

Dans ce roman, on entend la voix d’un être particulier, solitaire, naïf, agaçant parfois, mais qui porte un regard lucide sur le monde qui l’entoure, une sorte d’idéaliste inclassable. Il s’agit d’un portrait fictionnel de mon frère, victime d’un accident de vélomoteur à quatorze ans. Ce texte, Manon Buselli m’a prévenue d’office qu’il était atypique, et qu’il ne serait pas forcément facile à défendre. Cela ne l’a pas empêchée d’avoir le courage de le publier et je lui en suis reconnaissante.

Un accident de Marion Desjardins

Un miracle n’arrivant jamais seul, quelques mois plus tard, un récit que je venais de terminer sur la ville de Granville où j’habite a été accepté par une autre maison d’édition : Cité des Livres. Si, hélas, Un accident n’a pas eu de succès, Les bancs voyageurs, lui, s’est bien vendu. C’est un livre plus accessible où je raconte la ville et les rencontres que j’y ai faites en m’asseyant pendant un an sur les bancs.

Bon et maintenant ? Je viens de terminer un manuscrit qui parle d’insomnie et de radio, et que je m’apprête à proposer aux éditions Anne Carrière, en espérant continuer avec eux l’aventure commencée grâce à Édith & Nous.

Cette expérience m’aura appris qu’un texte, ça se travaille, se retravaille, et qu’un regard extérieur est toujours intéressant, tout en gardant en tête, cependant, qu’il ne faut pas essayer de plaire. Aussi singulière que puisse être sa voix, il convient de l’écouter et de s’y fier.

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