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Conseils édition

Agent littéraire, un rôle professionnalisant

Par 

Alphonsine

Le 

Jun 14, 2021

Dans la grande chaîne du livre, en France, le rôle d’agent littéraire ne représente pas (encore) un maillon essentiel. Il est un avantage pour certains, un inconvénient pour d’autres.

Pourtant, il existe un collectif regroupant la plupart des agents littéraires (AALF), la pratique est coutumière dans les pays anglo-saxons et, en France, elle est quasiment systématique pour les auteurs de l’audiovisuel.

Alors, pourquoi seulement 3% des écrivains français sont-ils représentés par un agent ?

Dans l’une de ses nombreuses vidéos YouTube, l’auteure française Samantha Bailly expliquait en 2017, les raisons l’ayant poussée à se faire représenter par un agent littéraire, alors que la pratique était encore rare. On constate, dans cette vidéo, que ce qui était très vrai il y a 4 ans l’est tout de même de moins en moins aujourd’hui.

Les mœurs évoluent et l’émergence de nouvelles agences littéraires le prouve.

L'édition de livres : une exception française

Quand j’ai décidé d’écrire des livres et d’entrer en contact avec des éditeurs, on m’avait prévenu : « Tu verras, le monde de l’édition est un univers très particulier... ». Je n’avais pas vraiment compris cette phrase à l’époque, simplement parce que chaque secteur d’activités comporte toujours, à mon sens, son lot de particularités. Mais désormais, j’ai saisi ce qui se cachait derrière ce conseil aux airs de mise en garde.

La particularité du monde de l’édition, que l’on soit du côté de l’auteur ou de l’éditeur réside, il me semble, dans le fait qu’il réunit des métiers hybrides : entre l’art et le business. La France a un tel attachement pour les Lettres, pour le livre, l’écriture, une telle histoire, un héritage si fort, que le monde de l’édition se trouve encore aujourd’hui à vouloir satisfaire deux obligations morales : celle de conserver son patrimoine, sa culture littéraire et celle de s’imposer dans le divertissement aux côtés de la télévision et d’Internet principalement.

Cultiver l’art de la prose, le goût des jolis textes n’est pas incompatible avec l’ambition de voir augmenter le nombre de lecteurs en France. Seulement, ce sont deux objectifs distincts qui font du monde de l’édition un secteur particulier, à la fois passionnant et déroutant.

Aujourd’hui, avec l’émergence notamment de la nouvelle plateforme Édith & Nous, on sent un vent nouveau souffler sur l’édition de livres, riche et belle de ses génies artistiques autant que de ses hommes et femmes d’affaires. Et l’on sent que le rôle de l’agent littéraire, qui tend à professionnaliser le métier d’écrivain et la relation auteur/éditeur revient sur le devant de la scène.

Les missions de l'agent littéraire

Coach, relecteur, éditeur… Parmi tous les métiers du livre aujourd’hui, en quoi consiste réellement celui d’un agent littéraire ? Quel est son rôle au sein de la chaîne de l’édition ?

Le magazine ActuaLitté a publié, en 2019, une série d’articles intéressants écrits par l’agent, traducteur et auteur, David Pathé-Camus, sur ce qu’est un agent littéraire. Pour lui, « un agent littéraire est un intermédiaire, généralement entre un auteur (ou son représentant) et un éditeur. L’éditeur « achète », l’agent « vend » (des droits d’exploitation d’une œuvre). Cette transaction commerciale fait l’objet d’un contrat, dont les termes sont négociés par l’agent pour le compte de son client (l’auteur de l’œuvre ou son représentant). L’agent n’a pas la signature. L’auteur seul peut décider de signer - ou non - le contrat que l’agent a négocié pour lui. Charge à l’agent, qui a un « devoir de conseil » envers son client, de lui en présenter les tenants et aboutissants, et de lui suggérer la marche à suivre. »
Que vous soyez auteur non publié ou écrivain aux millions d’exemplaires, un agent littéraire vous apportera son expertise (ce sont souvent d’anciens directeurs éditoriaux), sa connaissance du milieu et des rouages des maisons d’édition, ainsi que son expérience.
L’agent littéraire a trois missions principales. La première réside dans sa capacité à sélectionner les manuscrits, à en faire une critique puis à décider de travailler ou non avec son auteur. Sa deuxième mission est de cibler les maisons d’édition auxquelles il souhaite présenter un manuscrit. Grâce à ses connaissances accrues du milieu et celles en particulier du fonctionnement du service des manuscrits, il saura mettre en valeur un texte. Enfin, la troisième mission d’un agent littéraire consiste à négocier le contrat d’édition. Sa négociation portera sur le montant du pourcentage dédié à l’auteur, mais pas seulement. L’agent discutera également avec l’éditeur de la durée du contrat, des conditions de cession des droits, des modalités de diffusion numérique, de sa version poche, etc… Il veillera ainsi à la viabilité de chaque clause et s’assurera que l’auteur a bien compris tous les termes.
Quand un contrat d’édition est négocié par un agent, ce dernier devient co-contractant. L’exécution du contrat est donc clairement définie pour chacune des parties. Pour ce qui est du paiement des droits d’auteur, par exemple, ils sont versés concomitamment par l’éditeur à l’auteur et à l’agent. Comme l’écrivain, l’agent est uniquement rémunéré sur les droits d’auteur, de 10 à 15%. Le prélèvement est effectué sur le pourcentage de l’auteur. Par exemple, si un auteur est rémunéré à 10% du prix HT de ses ventes, qu’il vend 1000 exemplaires à 20 euros, il recevra 2000 euros. S’il est accompagné d’un agent, il recevra 2000 euros, moins le pourcentage de l’agent, soit, si l’agent est à 10%, 1800 euros.
Après la signature du contrat, un agent continue de suivre et d’accompagner ses auteurs dans les différentes phases de fabrication du livre, du travail éditorial à la commercialisation. Il peut également relancer les éditeurs pour demander les relevés de ventes et les règlements.
Le travail d’un agent, dans sa fonction d’intermédiaire entre un éditeur et un auteur, a pour vertu d’assainir la relation, de placer un arbitre au centre du jeu et de permettre aux éditeurs et surtout aux auteurs de se concentrer sur ce qu’ils savent faire : écrire et publier des livres. Ainsi, les plus grandes maisons d’édition (Gallimard, Robert Laffont, Albin Michel, Grasset, etc.) comme les moins grandes ont l’habitude de travailler avec des agents qu’elles connaissent et avec lesquels est établie une relation de confiance.
Par ailleurs, en sus de ce travail d’intermédiaire entre auteur et éditeur et en amont de toute nouvelle collaboration, un agent propose généralement la relecture et la correction des manuscrits. Ainsi, en dehors du fait qu’il améliorera les textes, il les rendra également plus attractifs pour les maisons d’édition qu’il vise.
Souvent, les agents littéraires sont d’ailleurs animateurs en atelier d’écriture. C’est notamment le cas de Laure Pécher, qui aide depuis quinze ans les jeunes auteurs à se lancer dans l’écriture littéraire par le biais de son agence Astier-Pécher.

Séduire un agent comme on séduit un éditeur

L’agent littéraire sélectionne les auteurs avec lesquels il souhaite travailler. Puisqu’il sera uniquement rémunéré sur le produit des ventes, il est logique qu’il détermine si, de son point de vue, un manuscrit est en mesure d’être publié puis d’être lu. Les agents recherchent donc des œuvres à fort potentiel commercial, mais aussi des auteurs prolifiques, car ils misent sur l’avenir. Ainsi, ils apprécieront d’autant plus de découvrir que l’auteur a déjà un bagage littéraire ou que d’autres projets d’écriture sont déjà en cours.

Si votre intention, en tant qu’auteur, est de travailler avec une maison d’édition, faire appel à un agent littéraire pourrait s’avérer être un choix judicieux. Cependant, de la même manière que vous envoyez aux maisons d’édition votre manuscrit accompagné d’une lettre d’intention, vous devrez transmettre à l’agent avec lequel vous espérez collaborer, votre texte, son synopsis et votre courte biographie. Vous devrez également bien le choisir en fonction de ses domaines de prédilection, de votre profil et pourquoi pas, de vos ambitions.

La plupart des agents littéraires sont regroupés dans l’Alliance des agents littéraires (AALF) au sein du syndicat français des agents artistiques et littéraires (SFAAL) dont voici la liste des membres.

Parmi ces agents, il existe des professionnels qui ne travaillent qu’avec les auteurs reconnus. Fred Vargas, Frédéric Beigbeder, Marc Lévy ont tous un agent qui travaille essentiellement sur les renégociations de contrats et sur les transferts d’une maison d’édition à une autre. Le « transfert du siècle de Michel Houellebecq », comme l’avait intitulé à l’époque le magazine L’Express, quand l’écrivain était passé de Fayard à Flammarion a été négocié à plus d’un million d’euros par François Samuelson (agence Intertalent regroupant notamment Pierre Assouline, Virginie Despentes, Antoine de Caunes, Colombe Schneck, etc.).

Parmi les membres de l’AALF, il y a de nombreuses agences ouvertes aux collaborations avec de nouveaux auteurs comme Susanna Lea Associates, une célèbre agence littéraire basée à Paris, Londres et New-York, qui travaille avec des écrivains à succès comme Marc Lévy et Raphaëlle Giordano, et beaucoup d’autres dont c’est le premier roman. Il y a également Magalie Delobelle (SO FAR SO GOOD Agency), « une agence littéraire tournée vers l'ailleurs, à la découverte de nouveaux talents », comme elle se définit elle-même.

Des agences continuent régulièrement de voir le jour. Comme en janvier 2020, lorsque Marie Lannurien et Julián Nossa lancent BAM (Books And More Agency), une agence orientée vers l’international. Depuis Paris, BAM représente des maisons d'édition étrangères et défend, en parallèle, les cessions de droits étrangers d'éditeurs francophones.

Avant de vous lancer dans la recherche d’un agent littéraire, il faudra donc prendre soin de connaître les spécificités de chacune de ces agences en identifiant clairement celles qui pourraient vous accompagner dans votre projet littéraire.

Les éditeurs voient-ils les agents d'un bon oeil ?

Les éditeurs français n’ont pas toujours vu d’un bon œil le métier d’agent littéraire, eu égard aux dérives commerciales que ce rôle non défini dans la loi peut engendrer.

Quand, en 2010, Andrew Wylie fondateur d’une agence littéraire basée à Londres et à New-York, négocie avec le géant Amazon une exclusivité pour la diffusion de plusieurs titres phares de ses clients sous format Kindle, le syndicat national de l’édition lance une pétition et obtient gain de cause grâce à la signature de cinquante des plus importants éditeurs.

L’histoire montre aussi qu’à l’inverse, l’intervention des agents littéraires dans le paysage médiatico-politique peut avoir un impact très positif. Par exemple en 2017, quand Donald Trump signe un décret migratoire à l’encontre des réfugiés et des ressortissants de pays dits « à risque » (Yémen, Iran, Somalie, Libye, Soudan, Syrie et Irak), une soixantaine d’agents littéraires avaient lancé un appel à contributions afin de publier les livres des écrivains de ces pays-là.

Aujourd’hui, la donne a changé et les mentalités, conscientes des changements à opérer, évoluent vers un accompagnement professionnalisé des auteurs et des éditeurs dans le travail éditorial et la signature des contrats.

Le parallèle avec les scénaristes

Clarisse Potoky, une jeune scénariste qui travaille pour Netflix et la télévision, m’a expliqué la relation tripartite entre l’auteur, l’agent et le producteur. « Avec le producteur et le diffuseur, l’auteur ne parle pas d’argent. Nous parlons du travail, de l’histoire, de l’écriture et jamais des aspects financiers. Ce sont les agents qui se chargent, entre autres, de cette partie-là. Ils négocient nos contrats, et pas seulement les montants des prestations, mais aussi les échéanciers, les termes et modalités des clauses. Ce sont des contrats complexes et les négociations peuvent parfois être très longues. »

Dès la sortie de son école de scénariste (le Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle - CEEA), Clarisse a fait appel à un agent. C’était pour elle comme une évidence. Dans le but de décrocher des contrats, d’être conseillée, de pouvoir se lancer, il lui fallait un professionnel qui l’accompagne, avec de l’expérience et la connaissance du milieu. « Un agent a deux qualités professionnelles essentielles : son carnet d’adresses et ses connaissances juridiques, précise-t-elle. Parfois, certains s’unissent et forment des agences avec un département juridique composé d’experts en droit. »

Aujourd’hui, être scénariste est un métier à part entière alors que le travail d’un écrivain s’apparente davantage à une aspiration, un loisir, un art. Et c’est bien là toute la différence entre ces deux métiers pourtant si proches au départ… Car ainsi, l’agent de scénariste est rémunéré à chaque phase d’écriture et les montants qui lui sont dus sont indiqués sur le contrat initialement signé. Sa part n’est donc pas dépendante des audiences de la série ou du film que son auteur a écrits, contrairement aux écrivains (et leurs agents le cas échéant) qui ne sont rémunérés que sur le produit des ventes.

Pour les créations audiovisuelles, il existe des formations de scénaristes, des agents et un milieu professionnalisé, là où, pour les livres, on compte encore beaucoup sur la chance ou sur sa bonne étoile pour que la rencontre entre auteur et éditeur se fasse.

Édith & Nous, facilitateur de rencontres

C’est pour cela qu’Édith & Nous a vu le jour, pour faire en sorte de faciliter et de simplifier les échanges entre auteur et éditeur. Par un système d’algorithme et l’utilisation de mots-clés, Édith & Nous propose à ses éditeurs partenaires les manuscrits correspondant à leur recherche par genre (fiction, non-fiction, théâtre, poésie, etc.) et par thème (fraternité, vieillesse, maternité, prison, etc.). Par ailleurs, notre équipe éditoriale, composée d'éditeurs et d'éditrices ayant un œil averti de professionnels du monde du livre, accompagne les auteurs et autrices qui déposent un ou plusieurs manuscrits sur Édith & Nous. Nous consultons régulièrement les éditeurs pour connaître leurs préférences et leurs aspirations, puis nous les conseillons sur ce que nous avons lu. Ainsi, Édith & Nous joue un rôle d’intermédiaire – important et stimulant - entre les auteurs et les éditeurs.

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