Abdelkrim Saifi, sa belle histoire

Et puis je commande une relecture. Je veux en avoir le cœur net.
Est-ce lisible ?

« J’ai écrit à la main, stylo plume Mont Blanc, feuilles blanches. Aimer le crissement sur le papier, finir la page, en prendre une autre, comme une victoire. Le bonheur de s’accrocher aux mots qui viennent. L’abîme quand ils ne viennent pas.
Taper les pages. Un fichier de 459 ko. 72 845 mots. 400 000 signes. Un livre.
Qu’en faire ?
Un article dans un journal. Cette plateforme, Édith & Nous. Déposez ici vos 459 ko. On s’occupe du reste. Allez, un clic. On verra.
La bouteille est à la mer. On ne sait pas où les vagues vont l’emmener. Va-t-elle se fracasser sur les rochers ? Se perdre au fond de l’océan, cimetière de tant de rêves ?
Votre manuscrit a retenu l’attention d’un éditeur, de deux éditeurs, de trois éditeurs. Les notifications clignotent, on garde son calme. Je voulais juste un regard, de gens que je ne connais pas.
Et puis je commande une relecture. Je veux en avoir le cœur net. Est-ce lisible, ou de la daube ? Affronter.
Encouragements. Des cœurs sur certaines phrases. Des interrogations, pas clair ce passage. Des attentes, on veut en savoir plus ici. On retravaille. On est déchiré de déchirer des pages. On attend.
Des vagues ont porté les 459 ko sur des rivages bienveillants. Une éditrice au téléphone. On peut se voir ? Le directeur d’Anne Carrière qui vous parle. On est un peu sonné. On ne sait quoi répondre. On va vous publier, répète-t-il. Le cœur qui bat. Faut que je parle aux miens. Ils me diront si je rêve.
Manon. Éditrice. Sa voix au téléphone. Attention, là, on perd le lecteur. Et là, quel plaisir. Mais là, c’est un peu faible. Vous devriez...
Des semaines qui passent. Écriture, réécritures.
Un appel. Manon. Voilà, on a la date de la sortie de votre livre. Vertige.
Merci Édith & Nous. Premiers regards. Confiance. Indulgence. Travail. Obstination. Joie.
Merci Manon.
Merci les lecteurs.
Merci la vie. »

photo de Abdelkrim Saifi
CÉLINE NIESZAWER

Abdelkrim Saifi a grandi à Hautmont dans le nord de la France. Il a été journaliste au Nouvel Obs et à La Voix du Nord, enseignant à l’université de Lille, puis président d’une fondation de recherche.
Si j'avais un franc est son premier roman.

Couverture du livre : Si j'avais un franc
Si j’avais un franc, Abdelkrim Saifi, 20 janvier 2023, éditions Anne Carrière

Dès l’aube, Korichi se dirige vers l’usine d’Haumont avec des centaines d’ouvriers. La douleur de l’exil ne se dissipe pas depuis qu’il a quitté l’Algérie en 1948, mais il doit continuer, accumuler les jours de travail pour couvrir les dettes d’une famille de dix enfants, et espérer donner à ces derniers la chance d’une autre vie. Après l’usine, il trouve du réconfort au café, où les communautés de travailleurs immigrés commentent l’actualité et organisent la solidarité. Rayonnante même dans le dénuement et l’adversité, Yamina élève leurs enfants dans un entre-deux complexe : son rêve d’un retour au pays natal se mêle à la détermination de les voir s’intégrer et réussir, et peut-être embrasser l’idéal républicain.
À travers une déambulation dans l’histoire française, de la guerre d’Algérie aux soubresauts du XXe siècle, Si j’avais un franc appelle à réfléchir aux questions d’identité et d’intégration. Mêlant intime et politique, cette autofiction familiale lumineuse donne voix à ces femmes et ces hommes de l’immigration algérienne qui ont subi l’exploitation et le mépris, et rend hommage à un père et une mère condamnés malgré eux à l’héroïsme.

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