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Conseils écriture

Comment écrire un bon dialogue de roman ?

Par 

Camille Fesquet

Le 

Mar 04, 2022

Les dialogues sont un des éléments clés d’un bon roman. On les aime tantôt vifs et piquants, tantôt simples et émouvants. Ils sont aussi à double tranchant : écrivez-les trop rapidement et votre récit perd vite de son rythme et de son intérêt. Édith & Nous vous partage quelques conseils pour écrire des dialogues qui font mouche.

Pourquoi écrire des dialogues ?

Après avoir créé et peaufiné les personnages de son roman, il est naturel d’avoir envie de les faire s’exprimer. Le dialogue est aussi une manière de donner vie à votre texte, de dynamiser votre écriture. Mais attention, les dialogues ne doivent pas devenir un recours systématique ou une solution de facilité pour donner vie à vos personnages. Si un dialogue peut permettre d’alléger la narration ou de l’accélérer, par exemple après un passage explicatif riche en informations, il peut à l’inverse la ralentir et casser le rythme du récit s’il n’est pas bien mené. Chaque phrase prononcée doit apporter du sens au roman.

L’auteur doit donc toujours avoir en tête l‘intérêt qu’un dialogue entre les personnages peut apporter à son histoire. Permet-il d’illustrer ou de dévoiler la personnalité d’un personnage ? D’exprimer ou de dévoiler les émotions d’un protagoniste ? De délivrer des informations qui feront avancer le récit ? D’intriguer le lecteur ?

Quelle ponctuation adopter ?

Guillemets ou tirets ? Il est facile de s’embrouiller avec les règles de ponctuation qui ne sont pas toujours claires. Les appliquer est cependant important pour ne pas perdre votre lecteur. Si vous envoyez un manuscrit à un éditeur, celui-ci sera également sensible à un texte qui respecte les règles de typographie.

La règle veut que différentes répliques soient précédées par un tiret. Et pas n’importe quel tiret, attention ! Il s’agit du tiret cadratin ou tiret long. Une espace doit séparer le tiret du texte et un retour à la ligne indique la réponse d’un autre personnage.

Et les guillemets alors ? La norme a longtemps été de commencer un dialogue par l’ouverture de guillemets, que l’on ferme une fois le dialogue terminé pour revenir à la narration. Dans ce cas, la première réplique ne prend pas de tiret. Il convient également de fermer les guillemets et de les ouvrir à nouveau si le narrateur intervient au milieu d’un dialogue. Dans l'édition française, les guillemets français (« ») sont généralement préférés aux guillemets anglais (“ ”). Cette écriture n’est cependant plus systématique dans les romans et a même tendance à se perdre. Avec des guillemets et des tirets ou seulement des tirets : vous pouvez choisir la façon de faire qui vous convient le mieux !

Les incises sont des exceptions narratives au sein des dialogues. Utilisées pour caractériser l’intonation ou l’énonciation des personnages (« pleura-t-il », « grogna-t-elle »), il n’est pas nécessaire de fermer les guillemets pour les incorporer au dialogue. Par exemple :

« J’attends la réponse de Marie, dit-elle.

Tu as raison, elle est de bon conseil, répondit-il en riant. »

Une incise peut être un moyen d’indiquer quel personnage parle. Il faut cependant prendre garde à leur répétition qui peut rapidement alourdir le texte.

À l’atelier Relecture, un éditeur professionnel analysera la qualité de vos dialogues et vous proposera une analyse personnalisée de votre manuscrit (genre, personnages, structure de la narration, intrigue et style).

6 conseils pour écrire un dialogue percutant

Rechercher le naturel, fuir la banalité

Le naturel est un des points clés d’un dialogue réussi. Si l‘échange sonne faux, l’auteur prend le risque de faire sortir son lecteur de l’illusion romanesque dans laquelle il est plongé, ce qui est à éviter à tout prix. Attention, naturel ne signifie pas pour autant identique à la réalité. La recherche d’un certain réalisme ne doit pas être confondue avec une retranscription exacte de la « vraie vie ». Tout ce qui risque d’alourdir le récit est à mettre de côté, on évitera donc les « Bonjour Madame », « Comment va la famille/le chien/la vie ? » et autres banalités qui pourraient réduire l’intérêt du lecteur. Lorsque deux personnages discutent, l’auteur peut directement commencer leur échange par ce qui aura de l’intérêt pour le lecteur, ce dernier étant libre d’imaginer ce qui n’est pas écrit.

Astuce : Lisez vos dialogues à haute voix pour en vérifier le naturel.

Singulariser les personnages

Les personnages de votre roman ne sont pas interchangeables et cela doit aussi s’entendre dans les dialogues. Sans tomber dans le cliché ou l’exagération, essayez d’attribuer à chacun d’eux une façon de parler qui lui est propre. Utilise-t-il un langage plutôt soutenu ou familier ? Est-il bavard ou laconique ? Son vocabulaire reflète-t-il son âge ? Quelle relation entretient-il avec ses interlocuteurs ? Avoir la réponse à ces questions vous aidera à écrire un dialogue authentique qui met en valeur vos personnages dans toute leur singularité et captive le lecteur.

Astuce : Inspirez-vous de conversations que vous entendez dans la vie quotidienne, des personnes de votre entourage. Repérez les phrases souvent utilisées, la façon de parler, les tics de langage des uns et des autres.

Montrer plutôt que dire

Les dialogues peuvent se montrer très utiles pour exprimer les sentiments d’un personnage ou encore illustrer les liens qui unissent différents protagonistes. Ces mécanismes doivent être mis en place avec subtilité, en faisant confiance à l’intelligence du lecteur. Ainsi, on préfèrera montrer l’état émotionnel d’un personnage plutôt que l’expliciter, voire pire, l’expliquer. Pour cela, pensez à la communication non-verbale. Les mouvements d’un personnage, la manière dont il se tient, ses expressions peuvent en dire autant que ses mots. Cette manière de mettre en scène vos personnages vous permettra d’éviter de surcharger vos dialogues d’adverbes ou d’incises (« cria-t-il », « s’exclama-t-elle »).

Varier les modes de discours

Les paroles, et parfois les pensées, des personnages peuvent être écrites au discours direct ou indirect. Dans le premier cas, l’auteur se livre à une retranscription fidèle de ce que disent les personnages, présentée avec une ponctuation particulière (tirets et guillemets). Au discours indirect, les paroles sont rapportées par le narrateur au sein du récit ; de manière explicite (« Il leur raconta ses vacances ») ou implicite lorsque le contenu du discours n’est pas introduit par un verbe de parole. Varier ces différents types d’énonciation peut être un moyen de dynamiser votre écriture. Chacun présente ses avantages et peut apporter quelque chose de différent à l'écriture et la mise en page.

Discours direct :

« Bonjour Marie, comment vont tes parents ?

Ils vont bien, merci ! Mon père écrit un nouveau roman.

C’est vrai ? J’ai hâte de lire le manuscrit, j’avais adoré son dernier livre. »

Discours indirect :

Il salua Marie et lui demanda des nouvelles de ses parents. Elle lui répondit chaleureusement qu’ils allaient bien et lui confia que son père écrivait un nouveau roman. Sa réponse ne se fit pas attendre : il était très impatient à l’idée de lire le manuscrit.

Ces deux passages mettent en scène le même dialogue, selon deux modes différents.

On remarque que le discours direct est plus vivant, plus rapide. C’est une façon d’apporter un changement de rythme apprécié après un passage plus narratif et d’aérer la mise en page.

Le discours indirect ne constitue pas un changement de rythme par rapport au reste de la narration mais il a pour intérêt de faire appel à l’imagination du lecteur qui ne sait pas ce qui s’est réellement dit. Il peut également permettre au narrateur d’appliquer un « filtre » sur cette conversation, de la rapporter d’une manière ironique ou mystérieuse par exemple. Enfin, ce type de discours peut s’avérer très utile pour éviter les répétitions (« Marie leur expliqua ce qui s’était passé »).

Dire plus en moins de mots

L’économie est parfois la solution pour exprimer la densité des émotions d’un personnage. Lancer un personnage dans un long monologue pour montrer la complexité de ses sentiments peut être tentant. Mais il peut aussi être intéressant de jouer avec les non-dits, les sous-entendus. Si un personnage est submergé par ses émotions, le montrer à court de mots est une façon subtile de stimuler l’imagination et l’empathie du lecteur. Cela vous permettra également d'écrire des répliques plus incisives, plus chargées de sens, pour un effet souvent plus littéraire.

Astuce : S’inspirer des dialogues de cinéma qui cherchent toujours à produire un effet maximal en peu de mots. L’écrivain Brandon McNulty propose sur YouTube une vidéo intéressante à ce sujet (en anglais avec sous-titres en français).

Le dialogue en début et en fin de roman : un pari risqué

Commencer son récit par un dialogue peut être une façon intéressante de plonger son lecteur dans l’histoire. Il faudra cependant faire particulièrement attention à l’écriture de chaque réplique pour parvenir à capter son attention. Un dialogue introductif ne doit pas non plus être trop long, car à ce stade du récit le lecteur n’a encore aucune connaissance du contexte et des personnages. Il faut donc trouver un bon équilibre entre mystère et efficacité. Il en va de même pour un dialogue en fin de roman : les dernières répliques doivent pouvoir rester gravées dans l’esprit du lecteur. Pour plus de conseils sur les fins de romans, nous vous invitons à consulter l'article de notre blog Comment ne pas (trop) rater sa fin de roman écrit par l'auteur et formateur Raphaël Bischoff.

Vous l’aurez compris, le rythme et le naturel sont des ingrédients clés pour écrire un bon dialogue et apporter de la justesse au récit. N’hésitez pas pour autant à jouer avec les codes et les conseils que nous venons de vous donner. Par exemple, écrire un dialogue truffé de banalités peut être un moyen d’illustrer l’artificialité d’une conversation. L’originalité d’un roman repose aussi dans la distance que l’on sait prendre vis-à-vis des normes. Une fois votre livre terminé, il ne vous restera plus qu'à tester vos dialogues sur vos premiers lecteurs. Pour cela vous pouvez faire appel à des bêta-lecteurs ou des services professionnels de relecture et de correction. Vous avez désormais toutes les clés en main pour réussir l’écriture de dialogues percutants !

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