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Conseils édition

L’édition de livres : du manuscrit à la librairie

Par 

Alphonsine

Le 

Mar 18, 2021

Vous arpentez les rayons de votre librairie depuis à peine quelques minutes et vous ne vous souvenez déjà plus du livre que vous êtes venu chercher (et encore moins de son auteur !).

Vous flânez dans le rayon Littérature, au gré des couvertures, de la lecture des résumés, des bribes de discussions que vous entendez ici et là… Vous vous arrêtez devant une grande table, celle au centre de la librairie, celle dont chaque centimètre carré est recouvert de romans pour certains élégamment habillés d’un bandeau rouge-écriture blanche, ceux qui ont obtenu un prix littéraire. Des noms d’auteurs bien connus parce qu’ils écrivent best-seller sur best-seller ou parce que toute la presse en parle depuis des mois. Du roman de Lola Lafon au dernier Joël Dicker, de la biographie de Joe Biden au livre qui a inspiré la série star de Netflix. Vous passez ainsi d’un titre à l’autre, des éditions Robert Laffont aux éditions Flammarion, des éditions Gallimard à cette nouvelle collection que vous ne connaissiez pas et puis, du coin de l’œil, vous apercevez le libraire qui attrape un livre sur la table à sa gauche, le montre à une cliente et lui propose de découvrir un nouvel auteur qu’il a lui-même lu et adoré. Alors, vous vous demandez si le libraire a véritablement lu les centaines d’ouvrages peuplant sa boutique, s’il connait tous les livres de votre auteur préféré. Si ce sont les maisons d’édition qui lui font découvrir des nouveautés chaque mois. Comment toutes ces œuvres, finalement, sont arrivées jusqu’ici, en librairie, le dernier maillon de ce qu’on appelle communément la chaîne du livre ?

En France, le secteur du livre emploie au sens large (édition, diffusion, distribution, commerce de détail et bibliothèques) plus de 80 000 personnes, soit près de 20 % de l’ensemble des emplois du secteur culturel. La création, l’édition, la fabrication ou encore la commercialisation d’un livre sont le résultat de nombreuses étapes faisant intervenir de multiples acteurs et des métiers très différents.

Remontons ensemble un à un les maillons de la chaîne du livre pour comprendre le chemin que parcourt un ouvrage, du manuscrit jusqu’aux rayons des librairies.

L’édition

À l’origine de l’édition et de la publication d’un livre, il y a un auteur et un manuscrit (ou un projet, pour les livres illustrés). L’auteur entreprend des démarches, souvent longues, parfois très coûteuses et aléatoires, pour trouver une maison d’édition ou peut choisir de présenter son manuscrit sur Édith & Nous pour bénéficier de services de mise en relation personnalisée avec de multiples éditeurs. En effet, Virginie Fuertes, éditrice aux éditions l’Archipel, nous confiait récemment que les « avancées [du numérique] profitent aux auteurs comme aux éditeurs mais qu’il est souvent difficile pour les auteurs de s’y retrouver et d'envoyer leurs textes au bon éditeur au bon moment ».

L’éditeur identifie et sélectionne le manuscrit qu’il portera jusqu’à sa publication. Il est souvent le premier lecteur professionnel d’un texte, il accompagne l’auteur dans sa rédaction et dans sa réécriture, il identifie les axes de retravail qui permettront d’améliorer la qualité d’un livre et son potentiel. Il pourra également donner suffisamment de recul à l’auteur pour choisir le meilleur titre. L’éditeur donne son avis, conseille et soutient l’auteur : son rôle correspond à l’étymologie de son nom (du latin edo, aider à la naissance).

L’éditeur conçoit, prépare et suit le processus de fabrication du livre : il agit alors en véritable chef d’orchestre. Il organise la relecture et la correction du texte pour s’assurer qu’aucune faute d’orthographe, de grammaire ou de typographie n’aura échappé à la vigilance de l’auteur. Il se charge également (entre autres) de la mise en page, du choix de la couverture (en concertation avec l’auteur) et de la rédaction de la quatrième de couverture. C’est également l’éditeur qui fixe le prix du livre avant sa publication. En bref, l’éditeur transforme un manuscrit en livre.

L’impression

Le premier maillon de la chaîne de commercialisation d’un livre, c’est l’impression. Après la création, quand le manuscrit a été corrigé, la couverture maquettée, le prix fixé et le B.A.T. validé, l’ouvrage entame sa vie publique et celle-ci commence par son passage en imprimerie. C’est l’éditeur qui donne le feu vert à l’imprimeur, qui va à son tour prendre le relais et suivre minutieusement les étapes d’un cahier des charges précis et bien rodé.

L’imprimeur a pour première responsabilité de contrôler le fichier. Puis, il prépare le calage (calage des plaques, réglage du margeur, repérage des feuilles, etc.) et règle la presse. Le cahier des charges qu’il suit répertorie les délais de production, les coûts, la qualité et la nature du papier utilisé, ainsi que toute la logistique. L’impression s’effectue sur des feuilles de grand format appelées des cahiers qui contiennent de 8 à 96 pages selon la machine d’impression. Le façonnage opéré par le relieur consiste ensuite à plier, assembler et coller à la couverture les tirages papier chaudement sortis de la presse.

Aujourd’hui, l’impression numérique offre de nouvelles solutions aux imprimeurs, aux maisons d’édition et aux distributeurs/diffuseurs. Il n’est en effet plus question de temps de chauffe des machines, des presses mises en route seulement à partir de telle ou telle quantité. Les imprimeurs peuvent fonctionner à la demande, ce qui leur permet de suivre le flux tendu de la production d’un livre. Ils impriment rapidement et pour un prix raisonnable. Cela a l’avantage de réduire les stocks de livres imprimés, de commander de petits tirages si besoin, de comprimer encore et encore le temps de fabrication… Avec, pour l’environnement aussi, l’avantage certain de réduire le gâchis et les déchets chimiques.

La diffusion

Pour être présenté en librairie, un livre doit d’abord être commandé par votre libraire. Et pour qu’un livre soit commandé, les maisons d’édition doivent assurer ce que l’on appelle sa diffusion. La diffusion du livre s’appuie principalement sur la force de vente constituée d’un ou de plusieurs représentants. Elle peut être réalisée en interne par l’éditeur ou sous-traitée à une structure commerciale travaillant pour plusieurs éditeurs. Les structures de diffusion les plus importantes appartiennent généralement à des groupes d’édition.

Très concrètement, les éditeurs rémunèrent une équipe de représentants qui rend visite à votre libraire tous les mois afin de lui proposer une liste de nouveaux livres issus des catalogues de plusieurs éditeurs ou plus rarement d’une seule maison d’édition (notamment pour les éditions spécialisées). Le libraire, qui écoutera les conseils de son représentant sur le sujet d’un roman, le propos d’un essai, son potentiel, prendra en compte la ligne éditoriale de chaque maison d’édition, veillera à proposer à ses clients un panel assez large pour satisfaire le plus grand nombre, décidera ensuite d’accepter ou non tel ou tel livre. Il choisira également d’en commander plusieurs exemplaires pour faire une pile sur une table ou de n’en commander qu’un seul pour enrichir son fonds de rayon.

Pour les plus petits points de vente du livre, la visite d’un représentant n’est pas aussi régulière, mais une grille d’office permet à ce dernier de faire ses choix en ligne et d’effectuer ainsi son marché. L’office est un envoi régulier et automatique des nouveautés, nouvelles éditions ou réimpressions que font les distributeurs auprès des libraires. Au préalable, le libraire aura, grâce à une grille d’office, fait connaître au distributeur, par quantité désirée, les collections et les catégories d’ouvrages (très grandes ventes, grandes ventes, premiers romans, collections poche, beaux livres, etc.) pour lesquelles il souhaite recevoir cet envoi automatique. Le libraire paie ensuite les livres reçus en office et peut retourner les invendus (fait rare dans le commerce).

Mais les places en librairies sont chères et les livres commandés rapidement remplacés : une nouveauté chasse une autre nouveauté, un prix littéraire chasse un roman de la liste des meilleures ventes. Le travail du représentant (et d’un bon représentant) est donc primordial. Pour donner toutes ses chances à un livre, ses conseils sont un véritable atout pour la maison d’édition et pour l’auteur. La tournée du représentant permet, entre autres, de présenter les nouveautés aux libraires, d’enregistrer les pré-commandes (notés), les promotions et les réassortiments (réassorts) et de suivre les retours. Compte tenu de l’augmentation régulière du nombre de titres publiés, le diffuseur doit composer avec le potentiel de vente de chacune des librairies et les objectifs de l’éditeur. Pour les enseignes, comme la Fnac ou Cultura, c’est un peu différent. Il s’agit souvent d’équipes commerciales dédiées qui vont à la rencontre des acheteurs. En région parisienne, la société française du livre (filiale de la Fnac) et la Générale Librest travaillent à la manière des grossistes, en effectuant des prestations de ventes aux collectivités.

Quelle que soit la façon dont les diffuseurs s’organisent, en fonction des régions (les problématiques sont différentes à Paris, à Bordeaux, à Lyon ou en dehors des grandes villes) et de la taille des points de vente, il n’en reste pas moins qu’une bonne diffusion passe par de bonnes équipes de représentants spécialisés. Or, toutes les maisons d’édition n’ont pas de contrat de diffusion (notamment les maisons d’édition proposant des contrats d’éditeurs « minimum », voir notre article sur les contrats d’édition), ce qui limite significativement leur force de frappe pour rendre un livre visible au plus grand nombre et lui donner ainsi toutes les chances d’être vendu. Editer un livre et le publier ne suffisent pas à lui trouver des lecteurs !

La distribution

Une fois commandé, le livre doit parvenir jusqu’aux tables des librairies et autres points de vente. Pour cela, il doit y être acheminé… Oui, élémentaire vous me direz ! Mais derrière cette évidence, il existe une logistique complexe et parfaitement bien huilée, orchestrée par celui que l’on appelle le distributeur.
Un distributeur assure, pour le compte des éditeurs, toutes les prestations logistiques permettant le stockage, l’approvisionnement, la gestion des commandes et la livraison vers les différents points de vente du livre. La distribution désigne donc l'ensemble des opérations matérielles qui permettent d'acheminer le livre depuis sa chaîne de finition jusqu’au point de vente final. La mise à part du livre, l’emballage, l’expédition et le transport, la facturation à la librairie et le suivi de son règlement, le retour des invendus, sont autant de tâches assurées par le distributeur.

Pour une maison d’édition, sous-traiter la distribution, c’est se libérer de toute l'intendance commerciale et d’éventuels problèmes de recouvrement de créances. Mais surtout, c’est avoir accès à un nombre important de points de vente. Cependant, tous les éditeurs ne travaillent pas avec des distributeurs et doivent ainsi gérer eux-mêmes les problèmes d’approvisionnement, centraliser les commandes, les traiter, administrer les comptes des clients, etc. Les éditeurs qui ne travaillent pas avec un distributeur doivent donc déployer d’énormes ressources en interne. L’activité d’édition en elle-même ne nécessite pas obligatoirement une mise de fond très lourde, mais celle de distribution et de diffusion, si. Le plus souvent, un nouvel éditeur aura donc le choix entre une distribution tout à fait artisanale ou faire appel à une structure dédiée.

En France, la distribution est essentiellement assurée par des sociétés liées directement aux maisons d’édition. La fonction de distribution peut être ou non exclusive : le distributeur assure la distribution des ouvrages de sa maison mère, mais aussi celle d’autres éditeurs qui la lui ont confiée. Les principaux distributeurs appartiennent à de grands groupes d’éditeurs (Hachette distribution, la Sodis pour les éditions Gallimard, Interforum pour le groupe Editis, etc.) et forment un maillon essentiel de la chaîne du livre.
Depuis l’arrivée d’un livre chez le distributeur jusqu’à sa mise à disposition auprès du transporteur, le temps de préparation d’une commande se situe entre 24 et 36 heures. Les délais sont donc très courts et obtenus grâce à des organisations parfaitement maîtrisées et complexes si l’on tient compte de la multiplicité des références, des clients et des commandes !

Avant de signer un contrat, les auteurs devraient toujours demander aux éditeurs s’ils ont un contrat de distribution et avec quel distributeur. Faire éditer et publier son livre par une maison d’édition à compte d’éditeur est une excellente nouvelle pour tout auteur, mais si votre roman n’est pas ou peu visible dans les points de vente, parce qu’il n’y est tout simplement pas acheminé, il n’aura aucune chance de rencontrer son lectorat et de se vendre. L’étude des contrats de distribution fait partie des critères de sélection qu’Édith & Nous a mis en place pour accepter ou non des maisons d’édition sur la plateforme. En effet, pour éviter aux auteurs de mauvaises surprises, Édith & Nous sélectionne soigneusement les éditeurs partenaires de la plateforme (retrouvez la liste des éditeurs dans la FAQ).

Les points de vente du livre

En France, l’émergence du livre numérique (l’ebook) a révolutionné le monde de l’édition au début des années 2010 et nombre d’observateurs prédisaient alors la disparition à très court terme du livre papier.
Or, dans sa synthèse des chiffres de l’édition 2019/2020, le SNE (le syndicat national de l’édition) précise que le chiffre d’affaires des ventes de livres numériques représente moins de 9% du chiffre d’affaires total des éditeurs… ce qui revient à dire, pour les auteurs, que publier un livre numérique et être référencé en ligne sur Amazon KDP ou sur la Fnac ne suffit pas pour trouver un large lectorat ! L’écrasante majorité des livres se vend encore au format papier et les librairies ainsi que les enseignes spécialisées (Cultura, Fnac) représentent plus de 70% des ventes de livres en France.
Il y a, en France, entre 20 000 et 25 000 lieux de vente du livre (librairies, grandes surfaces culturelles, supermarchés, etc.). Dans cette longue liste, 15 000 ont une activité régulière de vente de livres et seuls 3 500 à 4 500 d’entre eux exercent cette activité à titre principal ou réalisent une part significative de leur chiffre d’affaires grâce aux livres.

La production de livres en France ne cesse d’augmenter. C’est une bonne nouvelle, une excellente nouvelle en soi ! Mais pour un auteur, cela signifie surtout que le chemin du succès est long et difficile. Cela signifie qu’il sera quasiment impossible d’ailleurs pour un auteur de se rendre visible et d’être lu (la quête absolue, il va sans dire), s’il n’est pas accompagné d’un éditeur solide capable de diffuser et de distribuer son livre dans de bonnes conditions aux milliers de points de vente du livre en France… et puis, à l’étranger.

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